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Analyste: Philippe Ramin La valeur et l'importance historique des compositions pour violon et clavier de Carl Philipp n'avaient pas échappé à Brahms: Leyla Schayegh et Jörg Halubek remettent à l'honneur la partie de basse continue qu'il avait réalisée pour la puissante Sonate en si mineur Wq 76. L’album présente les diverses facettes du travail de Bach sur la sonate baroque, entre deux pôles: la Sonate en ré majeur coule une palette expressive galante, des appoggiatures à foison, des intervalles mélodiques dramatisés (Adagio) dans un moule qu'aurait pu utiliser Johann Sebastian; à l'opposé, l'adaptation avec violon de la Fantaisie en fa dièse mineur à la fois confidence et labyrinthe, reflète les recherches sur la déclamation libre en musique qui passionnaient alors les musiciens. La fantaisie sonne ici sur un piano à tangentes, cet instrument répandu dans l'Allemagne du Sud qui frappe la corde avec un sautereau garni ou non de peau à son extrémité: dans le premier cas, l'interprète en tire un scintillement proche du clavecin, dans le second, un moelleux comparable au pianoforte. L’instrument ‑ moelleux ‑ choisi par Jörg Halubek sonne sous ses doigts avec un parfait legato, même dans les nuances les plus ténues. Le travail sur les modes de jeu (dynamiques, simultanéité, phrasé) est particulièrement éloquent dans la Fantaisie en fa dièse. Mais il fallait aussi une violoniste capable de fondre ses timbres dans les pastels et les résonances du clavier: on admire une fois de plus la maîtrise absolue de l'intonation chez Leyla Schayegh, qui déploie une palette troublante, et nous tient en haleine, dans les mouvements vifs, par une virtuosité jamais tendue. Sans tapage et avec une complicité de chaque instant, le duo jette une lumière neuve,et profonde sur des partitions remarquables mais encore peu fréquentées du Bach de Hambourg.
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