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Analyste: Sophie Roughol Produire à la scène l’Artaserse mythique de Vinci, aligner une distribution de cinq contre‑ténors de haute voltige (et un excellent ténor, Juan Sancho, remplaçant le titulaire au disque Daniel Behle dans le rôle pivot du traître Artabano) ; rendre acceptable
le cortège des conventions à commencer par les travestis féminins fut vaillamment relevé par l'Opéra de Nancy, où ce spectacle a été filmé par Louise Narboni. Qu'allait faire le metteur en scène Silvio Purcarete de cet opera seria au livret certes bien construit mais au schéma musical (récit, aria da capo, sortie) propre à désespérer un bataillon de scénographes ? Loges et maquillages à vue, figurants techniques, on craint un instant un énième théâtre dans le théâtre. Purcarete prend le spectateur dans ses filets jusqu'à lui révéler qu'il est aussi un élément de sa mise en scène: un homme du XXIe siècle regardant des chanteurs jouant le rôle de castrats... jouant eux-mêmes, les rôles d’Artaserse. Compréhension intime d'un genre: l'accumulation de conventions n'est plus un frein, elle est le socle du bel canto qui rend proches et transfigure les personnages. Philippe Jaroussky (Artaserse) et Franco Fagioli (Arbace), dans le même costume immaculé et précieux, quittent leurs défroques d'amis pour endosser le port souverain de vedettes rivalisant de virtuosité. Une direction d'acteurs magistrale sublime les prises de risques, entre sauts de registres, trilles et messa di voce liquéfiants. Pour le coordonner, le chef Diego Fasolis danse, sculpte masses et phrasés, dans une jubilation partagée par un Concerto Koln survolté. Seul petit regret: l’absence de toute notice.
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