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Analyste:
Xavier Bisaro La période courant du dimanche des Rameaux au vendredi saint est particulièrement riche dans le culte chrétien. La remémoration des derniers jours du Christ s’accompagne de rites et de chants saisissants, à la hauteur de l’importance de ce sommet de l’année liturgique. Damien Poisblaud et ses compagnons de lutrin entendent rivaliser avec les nombreux enregistrements de ce cycle en en proposant des extraits dans une interprétation d’une puissance rarement atteinte. L’intonation du Cantique des trois enfants, qui ouvre le programme, en livre en partie les clefs: une voix surgissant du silence, incarnée et masquée, exalte le texte par le chant. On comprend de suite que, contrairement à ce qu’annonce vaguement la pochette (« d’après les manuscrits du Moyen Age »), ce chant sera action plus que restitution. Et quelle action La clarté de la prise de son permet certes de profiter de la beauté plastique de ces mélodies animées dans le moindre détail (ornementation, micro-intervalles). Mais elle laisse également sentir ce que coûte à un chantre la conduite d’un verset, ce qu’endurent les voix au fur et à mesure des reprises d’un refrain. Loin de gâcher le drame biblique, ces infimes traces laissées par l’implication des chanteurs constituent elles-mêmes une histoire offerte à l’auditeur attentif. Sur un plan strictement musicologique, on hésite entre admiration et doute. La différenciation des styles de chant (enfin des hymnes sonnant autrement qu’un répons) et la mise en valeur des structures modales sont remarquables, tandis que plusieurs partis pris se révèlent discutables (bourdons formant une tierce sur des arrêts du chant) ou tendent à une certaine complaisance (Christus factus est chanté pour le micro, début du dernier verset du trait Confitemini inutilement exagéré), favorisée par l’acoustique très réverbérée de l’ancienne abbaye cistercienne du Thoronet. Une fois ces questions de détail évacuées, la prestation des chantres réunis par Damien Poisblaud fascine autant qu’elle invite à méditer sur le sens profond du cantus, Verbe porté par la chair.
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