Texte paru dans: / Appeared in:
Hyperion |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Guillaume Bunel Parmi les cent-quatre messes connues de Palestrina, plus remarquables les unes que les autres, c’est la Missa Ad coenam Agni, basée sur une hymne pascale, qu’a choisi l’Ensemble Brabant, l’assortissant d’un choix de motets pour la même période liturgique. Cette messe paraphrase à cinq voix a pour particularité d’être presque entièrement canonique, la cinquième voix se trouvant, dans la plupart des mouvements, dérivée de l’une des voix écrites. Les changements de disposition des voix impliquées dans le canon, selon les mouvements, ainsi que la variété stupéfiante des traitements de la mélodie grégorienne dans la polyphonie ouvrent un éventail de possibilités contrapuntiques d’une richesse inouïe. Tandis que, dans le premier Kyrie, la mélodie grégorienne apparaît dans toutes les voix de la polyphonie, sous forme de fragments en imitations serrées, se superpose à elle-même et occupe chaque recoin du tissu polyphonique, elle apparaît dans sa forme la plus simple dans le Christe, chantée par la seule voix de Superius, accompagnée de motifs très différents par les voix inférieures. Mais à cette science du contrepoint s’ajoute également un sens aigu du discours, perceptible notamment dans le Gloria et le Credo, au texte plus développé. Le sens du texte s’y voit en effet subtilement accompagné et renforcé par les motifs musicaux, dont chacun semble contenir un germe de figuralisme. Loin d’un exercice aride de contrepoint, cette messe se révèle un chef-d’oeuvre de rhétorique, une interprétation magnifique du texte chanté de la messe. L’interprétation sobre et très claire de l’ensemble Brabant convient parfaitement à cette messe qui, en somme, se suffit presque à elle-même.
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