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Sophie Roughol Ça sent la tourbe Nos sorcières bien aimées ressortent la bouteille débouchée avec Mister Playford (« Nobody’s Jig », Alpha) et invitent à la dégustation Mrs Armstrong, grande prêtresse de la harpe celtique. À l’Angleterre et ses mélodies élisabéthaines avaient succédé les Flandres (« Manuscrit Susanne Van Soldt », Alpha, Diapason d’or) et la cour de Danemark (« Konge af Danmark », Alpha, Cinq Diapason). Pour les contrées irlandaises, Les Witches puisent à nouveau dans les recueils de tunes et autres mélodies publiées dès 1650 par les éditeurs londoniens Playford, Wright, ou Neale. Il ne s’agit donc pas de musique traditionnelle de transmission orale, mais de son adaptation au jeu d’amateurs éclairés: les jiggs, hornpipes, grounds, sont agrémentés de fancies, diminutions, variations, pour flûte ou violon. La harpe, volontiers mélancolique, s’ébroue parfois d’une petite flambée percussive (Jennys Whim). Les Witches revendiquent
une vision du répertoire au prisme de leur statut de musiciens de tradition
savante, et de leur culture « continentale». Les diminutions virtuoses
tournoient sur les ostinatos, l’opulence progressive des couleurs
instrumentales d’un broken consort ondoyant, dominé par les flûtes et
le violon, témoigne de leur savoir-faire pictural. Et avec quelle fierté,
quelle élégance, la danse prend son essort ! Les carrures sont ajustées,
comme dans ce magnifique Mary O’Neill, jig balancé de Turlough
Carolan (1670-1738). Bardes et célèbres harpers exerçaient leur art
auprès des aristocrates irlandais: Les Witches l’entendent bien ainsi, et
nous invitent chez Lord Gallaway, pas au pub (bien que dans sa préface, leur
amie chère Nancy Huston veuille nous convaincre du contraire !).
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