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Analyste:
Philippe Ramin L'anonyme Charles Dollé est sans doute le dernier représentant de la grande école de la basse de viole issue de Sainte‑Colombe, Marin Marais et Forqueray. Comme le premier, il n'occupa aucune des fonctions officielles qui auraient pu lui offrir une reconnaissance méritée. Son inspiration puise largement dans le style de Marais. Il délaisse la Suite obligée de danses au profit de rondeaux mélancoliques ou enjoués, pièces de caractère descriptives, préludes graves et introspectifs. Difficile de trouver dans ces pièces de violes éditées en 1737 les nouveautés qui fleurissent sous Louis XV. Dollé prolonge les chemins harmoniques et l'art du chant de la fin du XVIIe siècle avec un bonheur certain. Robin Pharo, déjà remarqué au sein des ensembles Nevermind et La Rêveuse, aborde ces pages avec componction et sérieux, et s'entoure d'une équipe efficace, à laquelle le théorbiste Thibaut Roussel apporte présence et personnalité. Un continuo aussi riche suppose une prise de parole affirmée du soliste (débuts de notes, direction, sonorité), qui servirait à la fois le contenu musical (que l'on devine passionnant) et les caractères. De ce point de vue les tambourins et carillons sont joliment incarnés, les préludes exécutent les figures obligées avec une certaine conviction, mais on reste un peu à l'extérieur de ces échanges instrumentaux qui privilégient la couleur environnante au détriment du caractère. Dans cette lecture un peu distanciée, les écarts de justesse sont plus sensibles pour l'auditeur (Les Amusements) et les systèmes prennent le pas sur le fond (instrumentation alternée du Tombeau de Marais). Comparer cette pièce ou l’AlIemande La Fière avec la proposition de Wieland Kuijken (Accent, 1978) fait sentir la différence de propos: avec l'illustre aîné, la profondeur expressive et l'organisation du discours sont intimement liées. Son continuo était moins fourni, mais d'une ampleur sonore étonnante, et le musicien nous transportait dans le coeur du sujet en assumant le pouvoir expressif des intervalles mélodiques, là clarté du caractère, le raffinement du phrasé. |
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