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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Ivan A. Alexandre « L’oratorio d'Israël en Egypte », note Berlioz qui vient de le découvrir à Londres en 1834, « a encore autant de fraîcheur que s'il eût été écrit hier ». Au long du XIXe siècle, plus encore que Le Messie, ode universelle quasi sans auteur, Israel in Egypt sera à Handel ce que la Passion selon saint Matthieu sera à Bach: aboutissement d'un art, apothéose d'un artiste. Notamment sous l'influence de la tribu Mendelssohn ‑ Abraham, le père ; Felix, le fils ; Carl Friedrich Zelter, le Saint‑Esprit (ou le maître, ce qui pour le jeune Felix revenait au même).
En 1831, le vieux Zelter et la Singakademie de Berlin qu'il dirigeait encore avaient révélé le chef‑d'oeuvre oublié au public allemand. Deux ans plus tard, à Düsseldorf où il vient d'arriver, Mendelssohn suit l'exemple du maître et ouvre le premier Festival du Bas‑Rhin par un arrangement du même oratorio. Arrangement, et non dérangement au contraire de ce qui se pratiquait alors : l'ordre est maintenu, l'orchestre diffère peu de celui de 1739 (hormis le recours constant aux clarinettes, employées avec discrétion et adresse comme une main droite d'orgue). La langue change, nombre de choeurs et duos disparaissent, d'autres (empruntés par exemple aux Chandos Anthems), apparaissent, mais la principale modification, la seule qui ruine la singularité d'Israel in Egypt, tient à l'ajout systématique de récitatifs dans la première partie. Le déferlement choral fait place à une narration qui ôte plus de force qu'elle n'apporte de drame. Aucune de ces adaptations ne figurera d'ailleurs dans la superbe édition d'Israel (en anglais) réalisée par Mendelssohn en 1844, modèle de fidélité un siècle avant la révolution baroque.
Avez‑vous observé ce curieux paradoxe ? La génération « baroqueuse » qui, voici un demi‑siècle, faisait table rase des interventions « romantiques », a donné naissance à un groupe d'érudits que ces vétustés enchantent. Harnoncourt ranime Alexander's Feast selon Ignaz von Mosel, Nicholas McGegan Acis and Galatea selon Mendelssohn... aujourd'hui Robert King et les instruments anciens du King's Consort reconstituent (au la = 430 Hz) Israel in Ägypten tel qu'il pourrait avoir sonné fin mai 1833 à Düsseldorf. En réalité, le chef ne surprendra pas ses fidèles. Son « Händellsohn » ressemble comme deux gouttes d'eau à son Handel. Uni, lumineux, sans danger. L’averse de « Hagel statt Regen » semble une grêle de printemps, et les coups de hache aux nouveautés (« Er schlug aile Erstgburt’ »), aussi peu staccato que possible, tombent sans blesser. Pharaon ne risque rien, les Hébreux non plus, aimons‑nous les uns les autres. Les cinq solistes, également immunisés contre toute effusion, dessinent proprement leur ligne. L’album a donc surtout valeur documentaire, valeur bien réelle au demeurant, garantie par une troupe loyale. Notons au passage que la durée excédant à peine quatre‑vingt‑deux minutes, les deux CD sont vendus au prix d'un seul. |
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