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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Xavier Bisaro Fêtons avant tout les retrouvailles avec un instrument exceptionnel mais bien rare au disque depuis l'album fantastique et célèbre de Francis Chapelet dans les années 1960 (HM, à rééditer), le géant érigé en 1765 dans le monastère qui domine Lisbonne de ses murs blancs, São Vicente de Fora. L’album est aussi précieux en ce qu'il se focalise sur l'orgue portugais, beaucoup moins documenté par le disque que son cousin espagnol. Le récital de João Vaz révèle brillamment que les deux royaumes ibériques partageaient, du XVIe siècle aux années 1800, une culture organistique commune. Côté facture, une même concentration sur un clavier principal coupé en basses et dessus (avec encore une octave courte en 1765 !) complété par un écho, un goût aussi prononcé pour le déploiement de chamades et une évolution comparable vers l'imitation de l'orchestre. Les compositeurs n'étaient pas en reste dans ce cousinage musical, successivement adeptes de la polyphonie rigoureuse à la Renaissance, de retentissantes batalhas et des tientos de demi‑registre au XVIIe siècle, avant une assimilation inventive du style concertant au siècle suivant.
L’étonnement de l'auditeur viendra plutôt de la qualité du programme. Connues des seuls spécialistes, la plupart des oeuvres sélectionnées ne déméritent pas au regard des « grands d'Espagne » que furent Arauxo et Cabanilles. Sur l'instrument lisboète, João Vaz déploie un jeu précis, inventif et attentif aux caractères des musiques dont il s'empare. Le ton des pièces tardives est particulièrement séduisant: au lieu de forcer leur supposée superficialité, Vaz maintient une certaine gravité qui, servie par la profondeur des jeux de fond, jette sur la musique de Seixas une lumière contrastée. Même la Sonata anonyme concluant le disque ne se départ pas d'une distinction qui épargne à cette quasi‑Ouverture d'opéra de sombrer dans l'anecdotique.
Le secret d'une telle réussite tient peut‑être aux priorités qui paraissent guider João Vaz. Imperméable aux clichés, son interprétation redonne à chaque oeuvre, la plus profonde comme la plus effrénée, sa raison d'être en relation avec l'instrument touché. Redoutable en dépit de sa formulation évidente, l'équation est ici admirablement résolue.
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