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Diapason # 645 (04/2016)
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Harmonia Mundi 
HMC902238



Code-barres / Barcode : 3149020223826

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin

Au joli titre du recueil dont ils empruntent les six Suites (Musikalische Ergötzunq, autrement dit « délice musical »), Amandine Beyer et ses amis ont préféré quelques mots extraits de l'une des pages vocales glissées en intermèdes. Cet « Orage d'avril » éclaire de ses caractères blancs une couverture superbe, mais souligne aussi la partie faible de l'album. Tant de raideurs dans la déclamation et la vocalise d'Hans Jörg Mammel, tant de volubilité en miroir dans les ritournelles instrumentales de ces airs chantant la vanité des plaisirs fugaces, la lumière des muses ou l'aurore nouvelle de la mort attendue.

 

Les Suites en trio (deux violons et basse) s'articulent en quatre à huit volets brefs, soit une sonate et des danses brossées en une minute trente, en moyenne. Le violon est utilisé en scordature, une technique d'accord qui permet de plus riches résonances suivant la tonalité dominante d'une pièce. Et le programme très varié, s'achève sur l'inusable Canon, que nos Incogniti livrent avec fraîcheur et spontanéité.

 

Ce répertoire divertissant, épicé d'accents populaires et dont la science disparaît sous l'élégance convient très bien au jeu léger et brillant d’Amandine Beyer, d’Alba Roca et de leurs partenaires. La dimension chorégraphique de l'écriture est mise en avant, les courantes avancent avec fermeté, les sarabandes affichent la noblesse de ton attendue et un grand sens des appuis harmoniques (sarabande en fa). L'anachronisme qui veut que, au disque, nous écoutions plusieurs sonates, trouve une réponse habile dans quelques artifices variés: tambourin dans l’aria en sol, prélude au théorbe (sarabande en mi bémol) ou au clavecin (sonate en do mineur), courante en pizzicatos, et rien n'est oublié des usages italo‑français de la cour de Vienne.


L'auditeur appréciera l'ensemble se­lon son rapport à la musique ; celui qui aime se couler dans ses habitudes y trouvera son compte (et certes cette musique n'entend ni nous bousculer,ni nous mettre en extase), l'amateur friand de surprises reviendra au vieux disque et aux accents plus âpres de Reinhard Goebel (Archiv, à rééditer). Avec les Incogniti, la beauté des timbres, la fluidité complice du pro­pos et le vif désir de communiquer une joie irrésistible font plus qu'hon­neur à ce répertoire oublié.

 

 

 

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