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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Gaëtan Naulleau Le retour du printemps
Retour à l'air de cour, terrain d'expérimentation privilégié des jeunes Arts Florissants. Quatre décennies après, l'amour du mot qui donnait des ailes à la première équipe anime encore, intact et généreux, cinq merveilleux chanteurs.
Il faut qu'une personne « comme vous, qui êtes magnifique, et qui avez de l'inclination pour les belles choses, ait un concert de musique chez soi tous les mercredis, ou tous les jeudis [ ... ]. Il vous faudra trois voix, un dessus, une haute‑contre et une basse, qui seront accompagnées d'une basse de viole, d'un théorbe, et d'un clavecin pour les basses continues, avec deux dessus de violon pour jouer les ritournelles. »
Le programme des Arts Florissants aurait eu belle allure dans les divertissements hebdomadaires promis, en 1673, à Monsieur Jourdain. William Christie ajoute une soprano et un ténor à l'effectif prescrit par son maître de musique, de telle sorte que l'album se conclut en apothéose attendrie des cinq voix: « Et leur plaisir est moins doux que ces peines : des jeunes coeurs, c'est le suprême bien. Aimez, aimez, le reste n’est rien. » Par un bel écho, le CD se termine ainsi où commençait un microsillon des jeunes Arts Florissants qui, en 1985, sortaient de l'ombre le champion de l'air de cour sous Louis XIV. Le nouveau bouquet, qui n’a rien à envier à la merveilleuse fraîcheur de la première équipe, glisse entre douze airs de Lambert ceux de Couperin et de Charpentier.
ON JUGE DE L’AMOUR...
On n'en voudra pas à Christie de choisir, pour l'essentiel, des pièces qu'il connaît par coeur ‑ et nous donc avec lui ‑, car trois autres volumes devraient apporter leur lot de découvertes. De Lambert, il s'en tient au Livre de 1689. L’art des doubles ornés, constellés de « nuages » de petites notes, est pourtant présent, dans un air d'Honoré d’Ambruys ; la performance poétique de Marc Mauillon, dans cette virtuosité impalpable, qui enrobe les vers et décale légèrement les accents pour le seul plaisir de l'oreille, est d'autant plus soufflante qu'il ne laisse rien paraître de l'exploit.
Le programme est conduit avec un soin extrême, ici une ritournelle de théorbe murmurée en écho pour « libérer la place » avant l'air suivant, là quelques pièces toutes simples afin que l'oreille se recentre sur les mots légers ‑ donner tant de charmes aux Pèlerines (que François Couperin croque à l'embarquement pour Cythère) n’est pas moins exigeant qu'habiter les abîmes d’Iris n'est plus. Un duel galant de beaux parleurs autour d'une élégante (Pour vos beaux yeux, Iris) glisse au coeur de l'album une leçon de musique de William Christie sur ce répertoire: « On juge de l'amour par la persévérance. »
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