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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Ivan A. Alexandre Handel s'échine. Il vient de voir publier ses Concerti grossi op. 3 et de finir ses Concertos pour orgue op. 4. Depuis peu l'oratorio anglais, genre fondé par lui‑même, prospère dans son théâtre. Cette saison 1736-1737, ce ne sont pas deux mais trois opéras nouveaux qu'il présente à Covent Garden : Giustino, Berenice et cet Arminio tourbillonnant d'après un livret d’Antonio Salvi, poète auquel le compositeur doit déjà Rodelinda et Ariodante.
Si Arminio ne se mesure pas à ces prodiges, incriminons donc le surmenage qui finira, cette même saison 1736‑1737, en attaque de paralysie. Accusons aussi la réduction du livret originel, moins texte théâtral que prétexte à numéros. Résumé: en l'an 9, le chef germain Arminius (célébré en Allemagne sous le nom de Hermann) défait les cohortes du général romain Quintilius Varus en trahissant la famille de sa propre épouse, alliée des Romains. Sur cette trame propice aux affrontements, retournements et grands sentiments, Handel élabore une partition inégale, semée pendant un acte et demi d'arias mécaniques, puis somptueuse par la virtuosité vocale (« Fatto scorta ai sentier » du rôle‑titre), par l'orchestre (« Quella fiamma » et son hautbois volubile « Mira il ciel » et ses cors fleuris) comme par la soudaine élévation de la plume jusqu'à des sommets imprévus (la poignante pastorale de Tusnelda qui clôt l'acte II, le duettino du III qui sonne comme un finale, « Vado a morir » dArminio où perce « He was despised » du Messie).
Quoi qu'il en soit, Arminio n'a guère, jusqu'à présent, menacé Giulio Cesare ou Alcina. Une seule et courte série du vivant de Handel, un seul album enregistré il y a seize ans par Alan Curtis (Virgin). Album qu'à maints égards le nouveau éclipse. Et d'abord par une notion difficile à mesurer mais facile à percevoir: la vie. George Petrou et son orchestre athénien, hôtes réguliers de Parnassus (la société de production supervisée par Max Emanuel Cencic), ne se ménagent pas; et quelques maniérismes aussi arbitraires qu'ostentatoires dès l'Ouverture, plusieurs cadences hors sujet ou une certaine propension à ignorer tout lien entre les récitatifs et les airs (beaucoup de fièvre, peu d'histoire), ne gâchent pas le plaisir de vivre la musique avec eux. Les violons volent, le staccato claque, le largo palpite, la tension ne tombe jamais. Si le chant était l'atout maître de Curtis, du moins pour les rôles principaux (Genaux, McGreevy, Labelle), la nouvelle équipe lui cède rarement. Moins ferme, moins brillant que dans Alessandro (Diapason d'or de I'année 2013), Cencic est aussi plus humain, et ses doubles‑croches restent sensationnelles. La jeune soprano canadienne Layla Claire n'a pas encore la singularité, mais déjà l'aplomb et la technique des princesses handéliennes. D'une seule couleur, le Varo de Juan Sancho a quelque chose de militaire qui sied au personnage. Bref, si la douce Ruxandra Donose n'a rien d'une contralto, et si le sopraniste Vince Yi chante comme un (grand) enfant (à contre‑ut toutefois, le rôle magnifique de Sigismondo ayant été taillé pour l'illustre castrat Gizziello), les failles du plateau se font vite oublier. Seule compte la foi en une oeuvre difficile. Et quelle foi! ...
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