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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Gaëtan Naulleau Merveilleuse, sa conclusion éclaire l'album. Des préludes de chorals ? Des prières intimes, où l'exhortation souffrante de lch ruf zu dir gagne une douceur irréelle, où les lignes de Nun Komm sont portées par un souffle et une grandeur rêveuse qui rendront jaloux bien des organistes. Faut‑il ici poser la plume, en précisant seulement que le reste n'est pas aussi exceptionnel ? Et d'ailleurs, quel interprète majeur des Études de Chopin, du concerto de Tchàikovski, de ceux de Brahms et Rachmaninov, a laissé de grands souvenirs dans la discographie de Bach ?
Nous découvrons dans la Partita en ré majeur, la Suite anglaise en sol mineur et la Fantaisie chromatique un maître curieusement gauche. Tous les sortilèges du chant au clavier ne suffisent pas ici. Paradoxalement, celui de Bach ne trouve son plein essor que si l'interprète serre (sans les figer) la vis des rythmes. Celui qui laisse l'appui glisser dans l'élan général de la main, ou tomber un chouïa trop tôt, ou trop tard, voit fatalement l'écriture perdre en projection et en force. Comme ce Prélude de la Suite anglaise en sol mineur qui tourne à vide : Freire peine à canaliser les gerbes de doubles croches dans un cadre harmonique, rien ne « sonne ». Par la densité du timbre, Pogorelich, moins rapide, donnait le sentiment d'un mouvement nettement plus vif (DG). La Gigue en sol mineur arrondit trop ses angles, celle en ré majeur perd son arrogance trompettante et ses caprices sous les doigts flegmatiques. À ce jeu, la rhétorique si répétitive de la Toccata en do mineur est un tunnel. Et la fugue chromatique hésite entre un début embué, sans tension linéaire, et des développements rageurs.
Peut‑être faut‑il, pour apprécier à sa
juste valeur ce piano qui dépasse rarement le mezzo forte, l'écouter
comme on écouterait à la maison l'ami qui, sans chercher à nous convaincre
ni à creuser sous la partition, nous aide à oublier le fracas du monde.
Qu'importe alors si l’Allemande en ré majeur renonce à sa majesté
comme à ses ombres ? Les pastels de la palette et des caractères inventent
un nocturne de Chopin inédit. Nous reviendrons tout de même, pour les éclats
et la variété de cette Partita solaire, à Perahia (Sony), Schiff (ECM et DVD
Hungaroton), aux jeunes Géniet (Mirare) et Levit (Sony)... qui nous
livreront peut-être demain d'extraordinaires Brahms, Tchaïkovski et
Rachmaninov, qui sait? |
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