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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
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Analyste: Ivan A. Alexandre Amanda Forsythe n'est pas une inconnue. Remarquée dès les premiers Lully du Boston Early Music Festival, délicieuse prêtresse dans la Niobe de la même équipe (Diapason d'or de l'année 2015), la soprano américaine a déjà été la poétesse Corinne du Voyage à Reims à Pesaro, et ses premiers pas en France, Nanette lunaire dans un Falstaff nantais il y a cinq ans, n'ont laissé que de bons souvenirs. À une voix si lumineuse, si fraiche et si agile, Handel tendait les bras. Elle fut donc très vite la chipie Dalinda (Ariodante) à Genève et à Munich, avant Dorinda (Orlahdo), Partenope, Teseo... et l'acrobatique Edilia dans Almira dont un CD se profile. Répertoire que ce premier récital couvre pour l'essentiel. On y applaudit encore une fois l'aisance, le charme, un drive qui ne brise jamais la courbe féminine, un soutien jusqu'au bout de chaque phrase et une subtile morbidezza qui met cet organe scintillant à l'abri de toute dureté. Probable Sophie et pourquoi pas Zerbinette de Strauss, la veine légère (« Amor è qual vento » d'Orlando, « Un cenno leggiadretto » de Serse, « Tomami a vagheggiar » d'Alcina) fait mouche, davantage que le lamento (« Piangero » de Giulio Cesare) ou les tourments de l'âme «( Geloso tormento » d'Almira que Cecilia Bartoli aime et comprend si bien). Ce rayon de lumière n'est pas un festin de couleurs, et la conversion de tous les da‑capo en cabrioles de la fée Clochette trahit un goût encore frivole. Mais le pathétique « Ah, crudel ! « » d’Armida (Rinaldo), franc et dardé promet des emplois moins candides, moins schématiques. Une voix prend son vol, nul n'en doute.
Comme un fait exprès, sa consoeur ,Hasnaa Bennani suit la route opposée. D'abord, au lieu de puiser dans son répertoire, la soprano franco‑marocaine tente un portrait de la prima donna handélienne par excellence, Francesca Cuzzoni (1691‑1772), auquel son timbre riche en harmoniques sied bien mieux qu'aux rossignols « cuzzonisés » avant elle (Lisa Saffer pour HM, Simone Kermès pour Berlin Classics). De Rodelinda, l'interprète a la couleur chaude, le médium charnu, la mélancolie. Mais aucune nuance hors un mezzo forte généralisé, très peu de mots, et une colorature soigneuse quoique sans panache (trois prises de souffle dans une vocalise de quatre mesures : Alessandro attendra). Trop souvent l'expression cède à un vibrato tyrannique sans rapport avec les lignes droites de l'orchestre. Beaucoup de talent, de vrais moyens, mais Cléopâtre et Asteria sont encore loin.
Un dernier mot sur les ensembles, le premier venu de Cleveland, le second de Bruxelles. Deux continents pour une même idée, chambriste, économe, qu'on pourra juger impersonnelle mais qui nous épargne, jusque dans les interludes (la « française » Terpsichore pour Apollo's Fire, les italiens Ottone, Scipione et Admeto pour les Muffatti), les poses et cravaches en vogue. Ce dévouement nous touche.
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