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Diapason # 645 (04/2016)
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Accent 
ACC24310




Code-barres / Barcode : 4015023243101(ID558)

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Analyste: Denis Morrier

Voici deux ans, Margret Köll nous enchantait avec un programme napolitain riche en inédits (« L'arpa di Partenope », Accent, Diapason d'or). Elle nous revient, accompagnée de Roberta Invernizzi, dans un album romain, passionnant et inspiré.

 

De 1623 à 1644, le règne du pape Urbain VIII (Maffeo Barberini) voit l'apogée du baroque romain. Landi, Rossi, Frescobaldi et Carissimi s'y distinguent parmi une multitude de maîtres de qualité. La harpe connaît alors une vogue extraordinaire: emblème du roi David (la figure biblique du psalmiste se confondant avec l'Orphée païen), elle s'impose dans les palais de la Ville éternelle en même temps que la basse continue, la monodie accompagnée et les nouvelles formes instrumentales. La présence, au musée instrumental de Rome, d'un instrument à triple rang de cordes, construit vers 1620 et somptueusement décoré, atteste de cet engouement (Margret Köll en joue une copie, réalisée en 2007 par Eric Kleinmann). Les virtuoses affluent alors chez les sujets des Barberini : Giovan Carlo De Ponte et sa soeur Costanza (qui devient l'épouse de Luigi Rossi); mais aussi des harpistes‑compositeurs, tels Marco Marazzoli et Orazio Michi.

 

Les oeuvres de ce dernier ‑ auxquelles Nanja Breedijk et deux amis avaient déjà consacré en 2012, un album exemplaire ‑ forment le coeur du nouveau récital. Le reste nous ramène en terrain familier avec des « tubes » que la plupart des harpistes « historiques » (Andrew Lawrence‑King et Mara Galassi en premier lieu) ont depuis longtemps mis à leurs programmes : outre l'incontournable Arpeggiata de Kapsberger (originellement pour théorbe) et la Passacaille del Seigr. Louigi de Rossi, diverses toccate et autres partite pour clavecin de Frescobaldi sont interprétées par Margret Köll avec un raffinement de toucher, de nuances, et surtout in brio perpétuellement éloquent.

 

Les arie de Rossi et Michi, emplies de gorghie et autres passaggi impressionnants, permettent de savourer tout l'art de Roberta Invernizzi. Si, dans la séduction, son timbre paraît toujours de velours, il s'entache parfois d'une certaine acidité dans l’expression de l'amertume ou de la violence. Cette évocation d'un âge d'or de la musique romaine n'en demeure pas moins captivante.

 

 

 

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