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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Denis Morrier Quel magnifique cadeau d'anniversaire(s)! Pour ses trente‑cinq ans, Ricercar a réuni dans un même pro gramme ses ensembles, ses musiciens et ses facteurs d'instruments les plus emblématiques. Et cette armée de généraux vient défendre une « place forte » que peu d'enregistrements ont su mettre en valeur ces dernières années ‑ hormis celui de Paul Van Nevel autour de la Missa Praeter rerum seriem, une pure merveille (HM). Cyprien de Rore, dont on fête en 2015 le demi‑millénaire, était considéré par ses contemporains comme un maître parmi les maîtres ‑ la génération suivante (celle de Monteverdi) n'a pas oublié ce qu'elle lui devait. Aujourd'hui, les musicologues considèrent ce Flamand installé à Ferrare comme l'initiateur de la révolution esthétique qui marque la fin de la Renaissance: Léo Schrade voit dans l'oeuvre de Rore « la clef du développement tout entier du madrigal italien après 1550 ».
La discographie lacunaire de Rore s'étoffe ici avec un ajout précieux et bien pensé. Le programme s'articule autour des innombrables paraphrases composées sur son madrigal Ancor che col partire, un tube en son temps. Les variations polyphoniques de Cabezon résonnent sur la harpe délicate de Marie Bournisien, puis avec le consort de bassons Renaissance de Doulce Mémoire. Celles d’Andrea Gabrieli tirent profit des sonorités rutilantes de l'orgue Marchand‑Duges (1614‑1768) de Cucuron, touché avec grâce par l'éminent Bernard Foccroulle. On redécouvre également d'autres chansons et motets de Rore ornés des diminutions: celles de Girolamo Dalla Casa pour la viole, de Bassano pour le cornet et la flûte à bec (par l'indispensable Jean Tubéry), mais aussi pour basson (par Jérémie Papasergio). L’éblouissant Angelus ad pastores, diminué par Bovicelli revient à la soprano lumineuse Juliette Perret, et Io Canterei d'amore gagne une lumière douce avec le contre‑ténor Paulin Bündgen.
Ce
florilège de « chansons diminuées » est environné de savantes polyphonies
parées de couleurs originales. On n'a pas l'habitude d'entendre les
madrigaux de Rore par des voix aussi chaleureuses que celles de la Cappella
Mediterranea de Gabriel Garcia Alarcon. De même, le motet Calami sonum
ferentes, profond, sombre et spéculatif, empli d'errances chromatiques
et de dissonances saisissantes, est ici supérieurement interprété par les
violes, « aussi profondes que l'enfer », de L’Achéron. |
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