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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Denis Morrier
Entendre un enregistrement aussi engagé et convaincant, à la fois didactique et novateur, est un bonheur rare. Didactique ? Orphéé est la figure tutélaire d'un programme conçu comme un véritable manifeste, révélant les origines de la monodie accompagnée et du stile recitativo : Le Miroir de Musique brosse un large panorama des pratiques du « canto al modo d'Orfeo », depuis les récitations poétiques improvisées et les frottole du XVe siècle, jusqu'aux premiers spectacles mélodramatiques florentins et les nuove musiche de Caccini et d'India, au début du XVIIe.
Novateur? Le disque souligne le rôle déterminant de la lira da braccio dans cette révolution esthétique et technique. Inspirée de la « lyre d’Apollon » mais préfigurant le violon, car jouée à l'archet, cette « lyre à bras » est pourvue de sept cordes figurant les sept planètes et d'un chevalet aplati favorisant le jeu polyphonique. Elle était l'instrument d'élection de l'humaniste Marsile Ficin, mais aussi de Léonard de Vinci. Elle est aujourd'hui celui de l'admirable Baptiste Romain (dont on a déjà salué le premier disque, consacré à « La naissance du violon »), qui vient approfondir les sillons tracés voici plus de vingt ans par Frédéric Martin, le pionnier français de la lira.
Romain
n'a pas eu peur d’ouvrir le récital par d'humbles récitations extraites de
l'Orfeo de Poliziano, sobrement psalmodiées par l'admirable Giovanni
Cantarini et délicatement accompagnées à la lira (l'expérience avait déjà
été tentée lorsque Francis Biggi avait reconstitué pour la
Fondation Royaumont, et enregistré pour K617, cette première pièce de
théâtre « inspirée de l'antique »). Le programme laisse
vite place à des compositions plus ambitieuses et séduisantes, d'une grande
diversité. Les mots cristallins de Maria Cristina Kiehr font danser une
frottole de Denofonte, tandis que le ténor nous bouleverse dans le
monologue d'Orphée « Funeste piaggie », tiré de l’Euridice de
Caccini. Quelques laude, ici judicieusement choisies, illustrent
l’influence de ces nouvelles pratiques sur les musiques spirituelles. Un
élégant Passamezzo de lira glisse un divertissement souriant
dans cet environnement noble et raffiné. Un retour aux sources de l'idéal
humaniste qui a transfiguré la musique italienne à la
Renaissance.
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