Texte paru dans: / Appeared in: Mirare |
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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Philippe Venturini UN CLAVECINISTE SOUS TENSIONS
Bertrand Cuiller restitue avec son intensité lyrique et sa finesse coutumière les pièces de clavecin de Jean‑Philippe Rameau.
En résidence à l'abbaye de Royaumont jusqu'en 2016, Bertrand Cuiller y a sans doute trouvé dans la bibliothèque musicale François Lang, riche d'un fonds Rameau exceptionnel, un cadre favorable et stimulant. Hugues Deschaux, responsable de la direction artistique et de la prise de son, a dû également y trouver l'inspiration à en croire la captation si fine et si chatoyante du clavecin français de Philippe Humeau. Aux trois recueils de suites, ceux de 1706, 1724 (sans le petit menuet) et 1727, l'artiste a ajouté La Dauphine et quatre extraites des Pièces de clavecin en concert. S'il visite avec le même toucher aérien et le même sens de la couleur les quarante‑sept numéros qui composent ce programme, Bertrand Cuiller prend soin d’en laisser apparaître les traits distinctifs et l'évolution de récriture de Rameau.
L'introduction
du cahier de 1706, hommage aux maîtres du passé et à leurs préludes
non mesurés installe d'emblée l'auditeur dans un climat propice à l’écoute.
Rarement ses tensions harmoniques auront‑elles créé pareille impatience que
vient résoudre, en s'imposant d'un geste autoritaire (mais jamais brusque),
l'affirmation de la tonalité. Si la majesté de ce premier essai n’a jamais
rien de compassé (l'extraordinaire souplesse des sarabandes qui jouent si
subtilement du décalage des mains), elle cède peu à peu la place aux
portraits et aux pièces descriptives comme ce Rappel des oiseaux
sonné par d'ardents rythmes pointés, ces Tendres Plaintes à la
mélancolie inconsolable ou cet Entretien des muses d'une intense
profondeur. Éblouissant quand il met en perspective des épisodes d'un
rondeau (La Triomphante) ou fait montre d'un humour pince‑sans‑rire
(La Poule), Bertrand Cuiller sait aussi dévoiler l’âme qui se cache
derrière les rubans et les soieries (La Livri) ou la virtuosité (Les
Tricotets). Si l'année Rameau 2014 laisse un bilan discographique
désespérément maigre, elle peut compter cet enregistrement parmi ses
trésors. | |
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