Après deux albums instrumentaux salués dans ces pages par autant de « Chocs » (Classica nº 149 et 168), les Ombres présentent un projet lyrique dédié à la figure de Sémélé, éprouvé auparavant sous forme de spectacle. Le programme, peut‑être éloquent sur scène, paraît relativement décousu au disque, alors que le livret insiste sur les significations multiples et la portée ontologique du mythe. De ce dernier, on saisit mal l'écho dans les extraits disparates de la tragédie de Marais, et l'opéra‑oratorio de Haendel, résumé ici par des citations laconiques et volontairement désordonnées, n’installe pas mieux le sujet. Certes, Tra le fiamme, cantate du Saxon sur l'histoire d’Icare, prolonge le thème de la témérité punie qui est celui de la Sémélé de Destouches; mais l'interpolation d'un concerto grosso, avec des passages de l’AIlegro ou encore de Theodora, ajoute‑t‑elle vraiment en relief à un concept plutôt vague ?

Il faut néanmoins respecter le parti pris et le talent indiscutable de l'ensemble. Si la chaconne de Marin Marais manque d’élan et de tension, une poésie chambriste et un haut‑bois splendide vivifient l'Opus 3 no 4 de Haendel. À défaut de la variété dynamique trouvée par Minkowski et Magdalena Kozená (Archiv), Tra le fiamme bénéficie du timbre éclatant de Chantal Santon Jeffery et des prouesses de Margaux Blanchard à la viole de gambe. En revanche, la narration peu contrastée de Mélodie Ruvio n'apporte pas à la cantate de Destouches le raffinement indispensable au genre.

Dans les fragments de la Semele haendélienne enfin, le duo vocal ne compense pas en théâtralité ce que la concision enlève au drame.