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Diapason # 634 (04/2015)
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Glossa
GCD922804




Code-barres / Barcode : 8424562228047 (ID504)

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

D’un livre de madrigaux à l'autre, Marenzio, le maître du genre avant Monteverdi, varie le nombre de voix. Si le Consort of Musicke (Musica Oscura, 1998), La Venexiana (Glossa, 2010) et René Jacobs (HM, 1987) avaient privilégié les madrigaux « classiques » à cinq, et que Rinaldo Alessandrini se penchait en 2001 sur le premier Livre à quatre voix, La Compagnia se tourne maintenant vers sa production, encore largement inédite, à six. La mezzo‑soprano Elena Biscuola se joint pour l’occasion à ce quintette vocal soudé de longue date et aujourd'hui sans rival dans son domaine. Dans ce recueil de 1591 (comme dans les Responsoria de Gesualdo, par exemple ou La Sestina de Monteverdi), le dispositif inhabituel à six voix facilite les effets concertants, l'opposition de groupes de voix et l'introduction d'effets de masse, parfois impressionnants. Faut‑il détailler une fois de plus la cohésion, la souplesse dynamique et surtout l'intelligibilité que La Compagnia obtient jusque dans les épisodes les plus denses et torturés ? S'il règne au sein de l'ensemble italien une réelle homogénéité de couleur, deux voix se détachent légèrement de la polyphonie: la radieuse soprano Rossana Bertini et la basse profonde Daniele Carnovich, tandis que les autres lignes se fondent dans un harmonieux équilibre intérieur Ce choix révèle en fait l'évolution de l’écriture de Marenzio à la fin de sa vie: il atténue la stricte équivalence des parties pour polariser l'expression sur les deux voix extrêmes, qui conduisent la polyphonie. Les gestes rhétoriques, les oppositions d’idées et les figures expressives coulent de source avec les experts de La Compagnia, qui peuvent se permettre d'appuyer certains effets dans les débordements enthousiastes ‑ les deux sopranos rivalisent en exclamations aiguës dans l'exubérant Leggiadrissima eterna Primavera. Cette lecture attentive et inspirée touche au grandiose dans la somptueuse canzone, Baci soavi e cari : l'ambitieuse composition réunit cinq madrigaux dont chacun commence par le mot baci, d'abord énoncé en valeurs longues, puis paré de commentaires polyphoniques renouvelés. Trois madrigaux empruntés à des anthologies contemporaines (1589, 1591 et 1592) complètent ce généreux programme. Espérons que La Compagnia, qui recevait l’an dernier un Diapason d'or pour le premier cahier à cinq voix de Marenzio, poursuivra sans attendre cette réhabilitation discographique. Une intégrale ? Ne rêvons pas, il reste quinze Livres tout de même!
 

 

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