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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin L’amateur d'opera seria connaît sans doute mieux, Handel aidant, le castrat Gizziello que son maître Gizzi (1687‑1758). Natif d’Arpino, sa carrière commencée et terminée à Naples fut prioritairement romaine, et romains aussi les extraits d'opéras ici échelonnés de 1718 à 1730, à l'exception des airs d’Ariodante dans la Ginevra de Sarro (Palerme, 1720). En comparant « Cieca nave, infidi squardi » à ce qu'en fera Handel quinze ans plus tard dans son Ariodante, on mesure les changements esthétiques dans le développement d'un genre d'opéra moins figé qu'on ne croit.
Le nouveau panorama proposé par Roberta Invernizzi, après ses « Viaggi di Faustina » consacrés aux années napolitaines de la Bordoni (Glossa, cf. n° 615), nous épargne une nouvelle combinaison de lamentos et de déferlements virtuoses. Pour un air « de comparaison », plus subtil que spectaculaire (Didone abbandonata de Vinci), le programme offre un éventail de raretés d'une grande finesse poétique, souvent de demi-caractère. La musique est à l'écoute des vers et de leurs nuances rhétoriques, entre distance galante et affects jamais hypertrophiés.
L’intérêt documentaire de l'album est avéré, certaines limites aussi. L'uniformité d'un ensemble de neuf cordes, certes stylé, peut nuire à une écoute continue, comme à la densité qu'on imagine supérieure dans une page telle que l'invocation aux Parques du Telemaco de Scarlatti. De même, on peut discuter l'adéquation entre l'hommage au grand castrat et une étoffe parfois mince ou un timbre sous tension chez la soprane, dont quelques sonorités malheureuses heurtent dans la vocalisation.
Bien que l'émission ne favorise pas toujours la clarté du verbe, on admire la fermeté, le tact, la conduite, le goût (jusque dans l'ornementation) de ce chant si soucieux du disegno - à la fois dessin des lignes et motivation expressive. L'antidote aux errements sommaires de Simone Kermes, le voici. Roberta Invernizzi ne craint pas grand monde pour ajuster les couleurs, les tours, le phrasé, au caractère exact des paroles... même quand elle remplace « regno » par « sdegno » dans l'air du Valdemaro de Sarro. Pour bien jouir de cet art, il convient aussi de connaître le texte chanté, hélas fourni dans une piteuse traduction française.
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