Analyste:
Philippe Ramin
Les trois sonates pour viole et
clavecin sont de nouveau à l'honneur après les propositions successives des
frères Ghielmi et d'Altstaedt (cf. no 622). Cadeau inattendu, une
métamorphose très convaincante de la Sonate en sol majeur pour violon et
clavecin couronne la proposition de Marianne Muller et de Françoise Lengellé.
Commencez par cette splendide réalisation, où les deux artistes sont
touchées par la grâce et conversent avec une grande noblesse, tour à tour
spirituelles (Allegro final) et d'une gravité superbe (Adagio). On
conseillera d'écouter les trois sonates pour viole dans leur ordre habituel
plutôt que dans celui du disque.
Dans celles
en soi et ré majeur, les musiciennes trouvent leurs marques avec aisance et
dialoguent avec souplesse en dépit d'une syntaxe un peu mécanique (cadences,
fin de phrases) ou de respirations appuyées. Le mouvement conclusif de la Ré
majeur s'essouffle avant le retour du thème, trop de précaution nuit. Une
fébrile Sonate en sol mineur vient creuser l'écart entre les deux
partenaires, quelques scories (Allegro final) renforcent un vague sentiment
d'insécurité. Le clavecin utilisé (David Ley d'après Gräbner 1739) semble
intéressant mais se trouve trop reculé. Dommage, car son timbre particulier
est en partie privé d'une énergie propice au dialogue. Malgré ces réserves,
la
magnifique prestation de Marianne Müller, son engagement et l'éloquence de
son propos méritent les plus vifs éloges.
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