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Analyste: Sophie Roughol Que Miriam Feuersinger, la bien nommée, dédie à Graupner son premier récital au disque est non seulement courageux mais judicieux, tant le musicien fait entendre une voix singulière aux côtés de ses contemporains : Bach, Keiser, Handel ou Telemann. Le maître de chapelle de Darmstadt avait été formé à Saint Thomas par les cantors Schelle et Kuhnau (prédécesseurs de Bach), dans cette ville de Leipzig où il tenta vainement de revenir après un séjour à Hambourg. Pour la chapelle de Darmstadt, alors opulente, plus tard ruinée par la faillite du Landgrave, Graupner composa plus de mille quatre cents cantates, dont une bonne centaine pour soliste: on rejoint volontiers Mattheson dans son jugement sur la lumineuse simplicité de l'écriture, que Graupner affirme comme principe dans l'édition de 1728. Sur des textes simples, signés Lehms (pour les trois cantates de 1711) ou Lichtenberg (pour celle de 1719, Ich bleibe Gottgetreu), il convie l'émotion au secours de la piété, confiant au chanteur la mission de dramatiser un discours que le sens du sacré ne déserte jamais : fusion troublante avec le hautbois opulent de Xenia Löffler (Ach Gott und Herr); confrontation d'un lamento éperdu, voix et cordes tissées dans un registre élevé, soupirs de désespoir, puis d'une aria sereine enrubannée de coloratures doublées aux violons (Angst und Jammer). Furcht
und Zagen
figure l'attente anxieuse de l’Avent par l'instabilité des rythmes et
textures. lch bleibe Gott getreu offre une sicilienne incisive,
avant un splendide récit legato ancré dans la Foi. De cette matière
palpitante, élaborée par Graupner, Miriam Feuersinger construit un disque
généreux. |
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