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Analyste: Laurent Marcinik
Le pianiste sud‑africain a réuni dans un coffret un Livre Il inédit de 2004 et une nouvelle lecture du Livre I (la première avait été publiée en 2003 par l'obscur label Prometheus), enregistrée l'an passé à la Royal Academy of Music de Londres. Un constat pour commencer: en dix ans, Pienaar ne s'est guère assagi, bien au contraire, et son précédent Livre I apparaît plus iconoclaste que le remake, pourtant déjà sacrément allumé. Deuxième évidence: impossible de ne pas songer à Gould devant ce jeu au détaché quasi obsessionnel et cet emploi de la pédale au compte‑gouttes. Toutefois, la lecture de Pienaar s'en distingue souvent, ne serait‑ce que par la diversité assumée de chaque diptyque, porteur d'un monde en soi. Le Prélude en ut mineur du Livre I commence ainsi comme une petite étude pour se chauffer les doigts, appuyant ses basses, avant de laisser exploser toute cette attente dans une péroraison parfaitement amenée. Si l'extrême rapidité de certaines fugues interloque (Ré majeur, Mi majeur du Livre I, Ut majeur, La mineur du Livre II), la précision du trait ne lui est jamais sacrifiée, cela grâce à une articulation ultracourte.
Nulle sécheresse pour autant : ce
Clavier bien tempéré réchauffe bien souvent le coeur (à défaut de
reposer l'esprit), et sa vivacité n'a rien de systématique (écoutez l'allure
tranquille et la gravité qui émane de la Fugue en ut dièse mineur
du Livre I, avec des gradations savamment pensées, ou le,début étrange
du Prélude en soi mineur du Livre I, délicat et pas péremptoire pour
un sou). Ceux qui attendent absolument dans Le Clavier bien tempéré
la concentration d'un Richter, d'un Fischer ou d'un Koroviov seront déçus.
Les autres apprécieront une des plus stimulantes relectures de ces vingt
dernières années. |
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