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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie
Bigorie En investissant au moyen de leurs instruments à vent ces Sonates de Bertali (à l'authenticité parfois douteuse), le Concert Brisé se réclame de la formation germanique alors en vogue (vioIon/cornet/trombone/basson) sans éluder le caractère insolite et exceptionnel de ce standard sonore: la pratique marginale qui consiste à attribuer aux vents le rôle soliste généralement dévolu aux cordes offre de fait un éclairage particulier sur cette musique stylistiquement tenaillée entre le style antico et moderno. « À quatre » ou « À deux », le soutien de la basse-continue assure une texture plus ronde que transparente et d'une grande mobilité. Lorsqu’iI s'interrompt, c'est pour libérer les soliloques oratoires du cornet ou du sacqueboute, conférant à ces Sonates des allures de scènes d'opéra sans paroles. Avec le souffle propre aux vents, les tréteaux du théâtre s'érigent d'eux‑mêmes. D'autant que nos musiciens ne s'en tiennent pas à un simple premier degré: le sacqueboute de Stefan Legée parle à la manière de «Possente spirto » d'Orfeo dans la Sonate en ré, tandis que la Sonate II donne lieu à un jeu tremolo afin d'évoquer la voce humana, registre présent dans toutes les orgues de cette époque. Le valeureux William Dongois courtise la ligne mélodique, affrontant le danger de plein fouet dans certains traits manifestement adressés au violon (Sonate à deux violons). Mais peut‑être la parenthèse la plus enchantée est‑elle à trouver dans la basse obstinée sur quatre notes qui s'immisce dans l'ultime Sonate, sorte de folia décantée. L’ivresse propre au mouvement perpétuel fait en revanche singulièrement défaut à la violoniste dans la grande Chaconne. | |
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