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Analyste:
Ivan A. Alexandre Encore une découverte à l’actif d’Alan Curtis. Cette fois, il ne s agit pas a proprement parler d’un nouvel opéra, mais d’un pasticcio. D’un assemblage cousu par Handel peu avant de quitter la scène « italienne » alors qu’il se tourne définitivement vers l’oratorio et la poésie anglaise. Donné deux fois début mai 1739, au King’s Theatre où venaient de naître Saul et Israel in Egypt, Giove in Argo n’eut aucun succès. L’ouvrage possédait pourtant deux atouts singuliers. D’abord il prenait congé des tyrans historiques pour accueillir les nymphes et les dieux d’Ovide. Ensuite il faisait la part belle au choeur, évidemment moins qu’Israel in Egypt mais bien davantage que dans les opéras italiens traditionnels. Ne manquaient qu’un drame (cette bergerie où Jupiter métamorphosé en pâtre courtise les mortelles Io et Callisto ne tient pas debout) et surtout un compositeur inspiré. Coudre à la diable quelques pages applaudies dans Imeneo, Faramondo (le virevoltant « Combattuta da due venti ») ou, souvent modifiés, les plus anciens Acis andGalatea, Ezio, Alcina , etcetera, insérer deux arias napolitaines de Francesco Araja, serrer l’action et tenir la cadence ne changeront pas ce pot-pourri en oeuvre originale. On comprend que le musicologue John H. Roberts, à qui nous devons la mise en forme de la partition (perdue) d’après des sources éparses et la composition des récitatifs, défende son bébé. Il faudrait pour le soutenir un chef qui croie comme lui dans cette pièce bancale, la redresse, l’anime. Tel n’est pas le cas de l’infatigable mais inamovible Alan Curtis. Enregistré en Italie dans ce qui paraît un boudoir, son orchestre sonne mat, gris, sans phrasé, sans la moindre nuance. Rien de conduit, rien de construit: les numéros s’enchaînent, tous semblables, tous abstraits. Et quel dommage ! Car le chef, qui dirige Giove régulièrement depuis sa restauration en 2007 et le connaît par coeur, tenait le plateau idéal. Dans un rôle écrit pour la Francesina (future Sémélé), Karina Gauvin immortalise Callisto — sa sicilienne à l’acte Il n’est que grâce et autorité. On dirait qu’Isis (alias Io) a été écrite pour la fougueuse Ann Hallenberg. Priante et Weisser sont parfaits... Hélas! à une oeuvre aussi fragile les corps ne suffisent pas. Il faut une âme.
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