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Diapason # 655 (03/2017)
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Lauda
LAU016



Code-barres / Barcode : 8435307600387

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Analyste: Sophie Roughol

Fascinés par le Siècle d'Or des Guerrero, Victoria, Lobo et autre Morales, nous dédaignons un XVIIIe supposé futile, oublieux de son âme et inféodé aux Italiens. A tort ? Quand Albert Recasens en extrait opportunément Sebastian Duron, suivant en cela Musica Ficta (« Cuando muere el sol », Arion), A Corte Musical (« La Guerra des los Gigantes », Pan Classics, Cinq Diapason) ou AI Ayre Español, c'est fort d'un beau travail éditorial et pour aligner neuf pièces en première mondiale sur un total de onze ! Duron eut une carrière surprenante, jeune organiste « provincial » propulsé en un éclair à la cour madrilène, y décrochant la protection exigeante de la reine Anne­Marie de Neubourg arrivée un an plus tôt de son Allemagne natale. Son oeuvre intrigue tout autant, amalgame étonnamment fidèle aux fondamentaux espagnols tout en assimilant les apports des musiciens allemands invités par la reine et ceux de la déferlante lyrique italienne. À une solide écriture nourrie au contrepoint liturgique, Duron associe la structure traditionnelle estri­billo‑coplas (refrain, couplets enchaî­nés puis reprise du refrain). Mais il y coule d'habiles arias et duos (Corazon que suspiras, Duerme rosa) ou des lamentations dramatiques sur tetracorde descendant (Ay felice ... ). Le discours est saupoudré de chromatismes, échos et audaces harmoniques, les voix dialoguent avec des violons par deux, une flûte, une trompette naturelle (remarquable Hannes Rux) ou un hautbois, interrompues par de brèves ritournelles instrumentales (répons Duice armonia a 8).

Ses cuatros (motets à quatre) jouent sur les combinaisons de registres et les imitations (Volcanes de amor). Dommage que la fébrilité de la direction désunisse parfois le propos (Dulce clarin sonoro). Mais ne manquez à aucun prix le papillon virevoltant et imprudent incarné par le ténor Gerardo Lopez Gamez (Cupidillo volante plage 5), le villancico en double choeur Ay como cantan, dont le texte stimule les effets musicaux, et Ah Señor embozado!, ce cuatro au rythme chaloupé.

 


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