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Diapason # 655 (03/2017)
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Glossa
GCD924001




Code-barres / Barcode : 8424562240018

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean-Philippe Grosperrin

 

Les années l740 furent propices à un genre d'opéra typique du goût Louis XV: la pastorale héroïque, mariant l'univers harmonieux des bergers à des personnages nobles ou divins, avec périls et prodiges obligés. Issé de Destouches, constamment repris dans sa version de 1708, avait fixé une formule à l'oeuvre dans Naïs ou Zaïs de Rameau ‑ un dieu déguisé en berger gagne l'amour d'une mortelle. En 1742, Isbé de Mondonville faisait se rencontrer la pastorale nationale et l'arsenal de la tragédie lyrique : cérémonies, oracle, évocation magique, tempête, passion tourmentée du grand prêtre Adamas pour la bergère Isbé aimée de Corydon (trois rôles créés par les plus grands chanteurs d'alors).

Voici donc un opéra de superbe facture, plus hardi que Titon & l’Aurore du même Mondonville (cf. Minkowski, Erato). Frappantes assurément, l'inventivité des cordes et des combinaisons expérimentales, comme la structuration du dialogue par un motif instrumental récurrent.

Dans le sillage de leur enregistrement remarqué des Fêtes de Polymnie de Rameau (cf. no 634), György Vashegyi et son orchestre honorent ce foisonnement, des tournures à l'italienne au grand ton français: majesté des monologues, mystère pastoral, énergie canalisée des scènes collectives, sens de la grandeur, équilibre interne des rythmes ‑ on songe plus d'une fois à Gardiner. Loure, tambourin ou « air en sons harmoniques », les danses captivent.

Brillant, le choeur n'est pas en reste, qui ajoute à sa rigueur musicale et linguistique une maîtrise des éclats, malgré l'inutile vocifération des Zéphyrs, et une véritable aura. Le trio des Hamadryades saisit, où se distingue le ténor Artavazd Sargsyan. Remarquable dans le dialogue du III, moins bien dessinée dans les ariettes pour mademoiselle Fel, Chantal Santon‑Jeffery cède le pas à Rachel Redmond, idéale de couleur et d'esprit. Poète délié, Reinoud Van Mechelen s'entend comme personne à fondre les degrés du clair­obscur, de la douceur à la douleur. Le rôle aussi complexe qu'impressionnant d’Adamas flatte les talents de Thomas Dolié : autorité et nuances, aisance déclamatoire et beauté lyrique, invention dramatique des couleurs.

Dotée d'un soprano assez stylé, mais d'un timbre passe‑partout à l'aigu, sans charme, Katherine Watson peine à porter une partie taillée pour l'étoffe et le miel de mademoiselle Le Maure. « Désirs toujours détruits » pâlit face à Véronique Gens (« Tragédiennes ! »). Le dialogue tragique de l'acte IV la trouve uniforme et fade: défaut de caractère et d'imagination que rattrapent  les moments plus tempérés d’un opéra majeur de cette époque enfin révélé.


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