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Diapason # 655 (03/2017)
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DG 4795534




Code-barres / Barcode : 0028947955344(ID601)

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Analyste: Gaëtan Naulleau


Les pianistes les plus inspirés par Bach ont tous oeuvré en coloristes hors pair : exception lettre G (Gould, Gulda), et confirmation depuis l'apôtre Fischer jusqu'à Perahia, depuis le génial Feinberg jusqu'à Rafal Blechacz aujourd'hui. La palette du toucher, des timbres, des résonan-ces, qu'il investit dans la Partita en la mineur n'est pas moins ample et dominée que dans les Estampes de Debussy (2012) ou les Préludes de Chopin, gravés dans la foulée de son premier prix au Concours de Varsovie (Diapason découverte, 2005). Il était alors permis de se demander si le jeune esthète studieux, peu enclin à la spontanéité, sortirait un jour de la gangue du parfait élève. La question ne se pose guère après ce Bach où il impose, l'air de rien, une lecture très personnelle.
Architecture et couleur sont indissociables dans sa Partita en la mineur ‑ dans l'ampleur des guirlandes en miroir (Fantaisie), le nuancier rêveur de la Sarabande, la splendeur des forte vivement articulés de la Burlesque. Mais c'est dans l'effervescence de la Gigue que sa façon de faire apparaît le plus clairement: l'alternance très organisée de timbres et de dynamiques se démarque du colorisme plus fondu de Perahia.

Adolescent, Blechacz quittait volontiers le banc du piano pour celui de l'orgue. Il sait que sur ses claviers, les registrations servent moins à opposer des idées successives qu'à organiser l'espace où elles circuleront. L'orchestre de son Concerto italien n'est pas une abstrac-tion formelle. On comprend vite qu'il n'y n'entend pas un concerto pour violon adapté au clavecin, mais un concerto « a molti strumenti », à la manière de Fasch ou Telemann, où se baladent, d'un solo à l'autre, une flûte, un hautbois, un basson, un violoncelle de génie, qui bombe volontiers le torse. Un jeu piano varié à l'extrême concentre les tensions du développement central.

Magique. L'ultime arabesque de l'Andante sera suspendue dans un soupir ‑ choix expressif autant que structurel. Une partition rabâchée, qui commençait à nous sortir par les oreilles, nous captive à nouveau.

Une déception, tout de même: cette Partita en si bémol prisonnière de vieux poncifs, Allemande sautillante et trop rapide, Sarabande rose bonbon alors que Bach livre ici la plus majestueuse et lyrique du cahier, gigue si pressée que le trépignement de rythmes se noie dans le flux scintillant d'harmonies. Mais quelle claque juste après! Qui eût cru que le dialogue sinueux des deux mains dans les Duetti, prudemment contournés par les autres pianistes, pourrait devenir aussi lisible, séduisant, mobile, que quatre duos de cantates sous l'oeil de Gardiner.

Nouvelle leçon de registration par l'analyse, et merveille de toucher, dans ces pages qui trahiraient la moindre absence des doigts ou de l'esprit.           


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