Elève de Cyprien de Rore, professeur de Frescobaldi, Luzzas - co Luzzaschi fut à Ferrare l’organiste de la cour des Este. Célèbre pour sa collaboration avec le Concerto delle donne, ensemble de voix féminines fondé par le duc Alphonse II, c’est essentiellement pour celles-ci qu’il est représenté au disque. Ce nouvel album des Profeti della Quinta couvre l’ensemble de sa production, des madrigaux – dont certains, comme « Aura soave », sont déjà connus –, aux motets, en pasque sant par les ricercari instrumentaux.

Une anthologie bienvenue qui confirme la place de premier plan du compositeur parmi les pionniers de la seconda prattica, en même temps que parmi les maîtres du contrepoint franco-flamand. On aura un aperçu de la variété de son art en écoutant à la suite deux titres du disque, « Quivi sospiri » et « Deus tu scis insipientiam meam ». Le premier, madrigal en style chromatique, annonce Gesualdo en peignant d’après Dante les gémissements de l’enfer, tandis le second évoque la solennité pénitentielle de Palestrina écrivant pour la semaine sainte.

On ne sait s’il faut se réjouir davantage de ce fantastique programme ou de son interprétation. Réuni autour de la basse Elam Rotem, l’ensemble vocal israélien installé en Suisse fait merveille dans ce répertoire d’une exigence redoutable. Les chanteurs accordent parfaitement les harmoniques de leurs timbres, donnant à la polyphonie toute la pureté, tout le rayonnement requis. On est constamment saisi par la qualité et l’homogénéité du son, par la précision des attaques posées sans le moindre accent inopportun. Le même talent chambriste prévaut au sein du groupe instrumental invité pour l’enregistrement. Vivement les prochaines découvertes !