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Diapason # 644 (03/2016)
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Pan Classics 
PC10350




Code-barres / Barcode : 7619990103504

 

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

Depuis l’enregistrement historique de Sergio Vartolo (HM) puis les réalisations du Consort of Musicke (DHM), de la Venexiana (Glossa) ou de Doulce Mémoire (Zig-Zag Territoires). Luzzaschi est devenu familier aux amateurs de musique ancienne. Paradoxalement, son oeuvre demeure largement méconnue : tous les enregistrements (hormis le Quinto libro dei madrigali par La Venexiana) revenaient à la publication de 1601, pour une, deux ou trois sopranos (les chanteuses du mythique Concerto delIe Donne de la cour de Ferrare, où l'auteur note avec minutie une ornementation vocale hallucinante sur une sobre tablature de clavecin. Cet arbre somptueux cache en fait une forêt luxurieuse : les sept autres Livres de madrigaux à cinq voix comptent parmi les chefs‑d'oeuvre fondateurs de Musica moderna, qui ont ouvert la voie aux innovations montéverdiennes. Plus négligés encore, les motets révèlent un autre visage du compositeur: un fidèle serviteur des préceptes de la Contre‑Réforme, soucieux tout autant de contrepoint savant que de la compréhension des textes spirituels.

 

Applaudissons donc la fine équipe bâloise d'Eliam Rotem, qui visite en un album toute la production de cet auteur fascinant, véritable icône de « l'avant‑garde du passé ». Musique sacrée et profane, pour une voix ou cinq, musique instrumentale aussi : si les pièces pour clavier (ici confiées à l'orgue) imprimées dans le Transilvano de Diruta (1597) ont souvent été enregistrées, les canzone et gaillardes (aux violes et violon) étaient restées dans l'ombre.

 

Exemplaire, l'anthologie nous conduit de découverte en redécouverte. Chaque page invite à l'enthousiasme pour la justesse et l'intelligence de son interprétation : les complexes entrelacs du motet Deus tu scis sont restitués avec une transparence et surtout une profondeur expressive confondantes. Les madrigaux polyphoniques sont parés d'habillages renouvelés : a cappella, soutenus par les luths ou les claviers, voire étoffés de doublures de cordes, ou encore réduits au clavecin avec une seule soprano, ornés dans le style du recueil de 1601 (Lucenti e chiare stelle : une expérimentation probante!). Les évocations des Dames de Ferrare sont réalisées avec maestria par Perrine Devillers, aux raffinements pudiques. Cet ensemble fondé en Israël et désormais installé en Suisse, nous avait déjà impressionné avec un programme consacré à Salomone Rossi (cf. no 623, Cinq Diapason). Il s'affirme ici comme un des explorateurs de la musique ancienne les mieux avisés et les plus intéressants du moment.

 

 

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