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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Sophie Roughol Réunion de deux tubes, mais celui de Pergolèse présenté à la sauce Bach (de Stabat Mater il devenait Miserere à Leipzig vers 1740, dans une traduction allemande). Jean-Sébastien Bach et Damien Guillon forment un duo de longue date, en compagnie de Herreweghe, Suzuki, Ponseele, et déjà avec les fidèles de son Banquet Céleste dans un album de 2011 (cf. no 603, Quatre Diapason). Aujourd'hui, Bach « l'italien » l'invite à retrouver Céline Scheen. Les interprètes comme le compositeur prennent leurs distances avec le Napolitain Pergolèse. Le texte allemand remplace la douleur de la mère du Christ par la contrition et la rémission des péchés, mais il a surtout pour effet de modifier la prosodie en la fragmentant, d'atténuer le drame en lui substituant la réflexion métaphysique, Bach densifiant par ailleurs la matière instrumentale par une ligne d'alto détachée de la basse. Avec un instrument par partie (et une réverbération avantageuse), le petit ensemble ne se prend pas pour un grand mais joue au contraire la carte d'une décontraction subtile et charmeuse. Les deux voix s'allient à merveille, trouvent un équilibre commun entre l'énergie et la pudeur, la suavité et la clarté, la couleur et la projection.
Vivaldi convainc moins. Guillon affronte au disque une concurrence redoutable, avec ce quatrième verset « Cum dederit dilectis suis somnum » comme mètre étalon de la consécration d'un contre‑ténor... Péremptoire, l'entrée de l'orchestre donne le ton : l'impassibilité subtile de Damien Guillon n'atteint jamais ici la densité désespérée de Carlos Mena (Mirare) ou le raffinement électrique d'un Jaroussky (Naïve). Et pourquoi briser la sublime ascension du « fructus ventris » par une césure assassine ? Vocalité magistrale, certes, mais seulement dans sa zone de confort, sans se risquer dans le registre de la mise en scène, de la messa di voce, de la tendresse (« Vanum est vobis ») ou de l'équivoque. À classer à Bach (ou Pergolèse).
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