Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 644 (03/2016)
Pour s'abonner / Subscription information


Glossa 
GCD923601




Code-barres / Barcode : 8424562236011

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction ~ (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Gaëtan Naulleau

Diapason d'or pour un album auquel on trouvera des défauts sans chercher bien loin, mais Diapason d'or évident car ému. Nous reviendrons souvent à ce bouquet d'airs de cour, quitte à enjamber les intermèdes en trio, et à troubler une succession si finement ajustée. En concert, ils offriraient des divertissements utiles et certainement agréables, mais sous les micros, les limites de deux violons courts de timbre sont évidentes, le geste se montre trop vague là où Couperin le veut agile, trop appuyé quand il s'agit d'être intense. Le trio de continuistes qui les soutient (et fait merveille dans les airs) n'y peut rien, L’exigeante Passacaille de Couperin, tableau foisonnant quand les meilleurs archets jouent à la fois de sa grandeur sombre et de son instabilité, déclame dans sa barbe. Quelle belle idée pourtant, la faire surgir après la tempête des trois Stances du Cid. « Air de cour » ? Pas tout à fait. Au temps de Mozart, avec un orchestre et des vers de Métastase, ce serait un « air de concert ». Avec seulement une vois et le continuo, le principe est le même pour Charpentier relisant Corneille, exacerber et embellir nos passions d'une situation dramatique célèbre. Rodrigue paniqué, Cyril Ativity porte chaque mot avec une autorité si virile, une intelligence si directe, une séduction si peu calculée, que les véhémences âpres de ce chant hors norme n'agressent pas l’oreille, captivée. Et quand elles s'apaisent pour deux notes (« l'un m'anime le coeur, l'autre retient mon bras ») ou une phrase entière, la douceur du ton n'amollît pas la projection du mot.
Les airs de cour, à proprement parler, arrivent plus tard avec leur lot de bergères fuyantes, de rossignols, de beaux parleurs. Celui‑ci prend la fuite (Retirons‑nous), un autre feint l'ultimatum las (Amour, vous avez beau redoubler mes alarmes), ou s'extasie et s'exaspère à la fois (Ma bergère est tendre est fidèle, détour chez Michel Lambert). Redoutable stratège, Auvity contient dans un murmure nonchalant les empressements de Ah, qu'ils sont courts les beaux jours d'une fleur printanière ! Et quand Charpentier élargit à nouveau le cadre où s'agite un coeur contrarié, notre ténor fait son miel des obstinations, des doutes et des revirements de Non, non je ne l'aime plus. Le texte règne, le chant le sert comme ornement: une évidence au temps de Charpentier, une leçon aujourd’hui.

 

 

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews