Outil de traduction ~ (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
Analyste: Luca
Dupont-Spirio
Si
Magdalena Kožená fréquente Monteverdi depuis longtemps, notamment depuis un
Néron acclamé aux Wiener Festwochen de 2000 où elle remplaçait au pied levé
Anne Sofie von Otter, elle ne lui avait accordé qu'une place négligeable
dans sa discographie : les trois minutes de « Si dolce è il tormento » dans
le récital Lettere amorose (Deutsche Grommophon, 2010). On pouvait donc
espérer beaucoup de ce disque monographique mais on se demande très vite si
la chanteuse ne s'est pas laissée griser par son statut de vedette
internationale. On est en tout cas surpris par la désinvolture – on ose à
peine dire le narcissisme – de certains partis pris, d'une artiste dont on
connaît par ailleurs l’élégance stylistique. Qu'elle choisisse d’interpréter
seule les trois personnages du Combattimento serait moins gênant si la voix,
superbe au demeurant, prenait meilleur soin des stances du Tasse. Ici comme
dans les lamenti d’Octavie, la clarté et la théâtralité de l’italien sont au
rendez- vous, mais avec une ampleur, une emphase qui effacent les
articulations ciselées de la rhétorique montéverdienne. La chanteuse semble
se complaire à l’écoute de son propre timbre comme dans ce Lamento della
ninfa où le rubato empêche l’émotion et les interventions masculines
prennent aussi la pose. On n’est pas davantage convaincu par les concessions
de Marcon aux sonorités clinquantes de psaltérion et de cornet façon
Arpeggiata, ni par les phrasés chaloupés mais sans vigueur de son ensemble
dans les intermèdes instrumentaux signés Uccellini et Merula. On préfère la
grave tenue de la Passacaglia de Marini, ou, côté vocal, les audaces
contrôlées du duo Néron-Poppée avec la talentueuse Anna Prohaska.