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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Philippe Ramin Jean‑Baptiste Forqueray publiait en 1747 vingt‑neuf pièces de viole de son père Antoine (nommé musicien ordinaire de La Chambre du Roy sous Louis XIV, en 1689). En 1978, Jordi Savall livrait deux des cinq Suites dans un album qui a beaucoup contribué à la redécouverte d'une musique aussi riche de caractères que de timbres. Wieland Kuijken aussi gravait deux Suites (une chez DHM, l'autre chez Accent), après quoi leurs émules se sont rarement risqués à une intégrale: celle de Paolo Pandolfo (Glossa, cf no 600) était sans concurrence jusqu'à cette réalisation très aboutie et merveilleusement enregistrée (le choix de placer à distance un clavecin assez discret ne voile ni sa qualité de diction ni ses nuances).
Atsushi Sakai, également expert en violoncelle baroque, pilier du Quatuor Cambini pour jouer Mozart, et du consort Sitfast pour Bach ou Purcell, s'aventure parfois sur les rives d'un jazz improvisé et exigeant. Continuiste admiré des TaIens lyriques, il retrouve ici Christophe Rousset et aborde ces pièces avec la hauteur de vue qu'autorise une technique éblouissante. On est étonné par le mélange d'assurance souveraine et d'intense émotion qui colore certaines pages dans lesquelles il adopte un tempo très modéré comme La Clément, La Régente ou La Dubreuil. Il est à tous égards aux antipodes de la vision acérée et houleuse d'un Vittorio Ghielmi (Passacaille, cf no 635). La conception du rôle de la basse continue les oppose autant que les caractères. Dans la sarabande La D’Aubonne, l'archet de Sakai façonne un son clair dans lequel le clavecin et la basse viennent s'enrouler, en prolongeant l'idée du soliste ou en s'opposant à sa suggestion. Fascinant jeu de stratégie et de séduction. Chez Ghielmi, l'harmonie est dévoilé d'abord et la viole s'y fraie une place. ou la conquiert comme Savall, indémodable par sa posture splendide et son sens dramatique. L’exercice ambitieux auquel s'adonnent les chambristes bouscule l'auditeur familier de ces pièces et présente Rousset à son meilleur. Avec l'expert Marion Martineau, à qui incombe la tâche délicate de soutenir l'édifice, le claveciniste fait preuve d'un naturel et d'une réactivité extraordinaires sur le fil du rasoir. En empruntant ainsi des chemins riches de clairs‑obscurs les trois musiciens nous invitent à partager de saisissantes incarnation auprès de la capiteuse Du Vaucel ou de l'inquiétante Rameau. Le « très tendrement » de La Silva se métamorphose en lamentation sublime La Jupiter oppose un rondeau ombrageux à des couplets intensément déclamés. |
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