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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Gaëtan Naulleau Le Ricercar Consort flatte l'oreille mais stimule peu l'esprit dans une partition qui pourtant le sollicite comme nulle autre. Aussi éloignés du « laboratoire en folie » de Goebel (unique en son genre, génial) que du dialogue intense des frères Kuijken avec Leonhardt ou d'Hespèrion XX, extérieurs à la diversification stylistique osée au sein du cahier par les frères Ghielmi (Diapason d'or en janvier), François Fernandez au violon, Marc Hantaï à la flûte, Philippe Pierlot à la viole et Maud Gratton au clavecin ne semblent pas se soucier de la concentration vertigineuse de l'écriture tout au long de l'oeuvre. A l'auditeur, donc à l'interprète avant lui, L’Offrande musicale pose un défi encore plus ardu que L’Art le la fugue. Le premier contrepoint de ce dernier est une entrée en matière limpide en regard du Ricercar a 3!
Ne cherchez pas le deuxième violon noté dans l'un des canons (le seul dont l'instrumentation soit précisée): pressé decouler le recueil entier dans l'effectif de la grande sonate, notre quatuor le remplace par le clavecin. En concert, l'économie se défend. Pas au disque. Voici donc au fil des pages le violon face à la flûte, à la viole, au clavecin, dans des jeux de miroirs délicats à ajuster entre des instruments si différents. Philippe Pierlot et les siens ne tentent pas un compromis contre‑nature ‑ parfaitement abouti chez les frères Kuijken, par exemple. La viole joue très viole, le violon très violon (et peaufine peu), la flûte très flûte (sa noblesse tourne dans la sonate à la placidité), le clavecin réagit avec métier aux divers effectifs. C'est intéressant dans le Canon perpetuum, où la superposition de trois idées gagne en relief sous trois phrasés complémentaires ‑ dont un violon tout en soufflets. Mais ailleurs cette option n'aide pas l'oreille à suivre les détails superposés du contrepoint, et risque au contraire de focaliser l'attention sur le violon (quand par exemple il surlie en quasi‑glissando les chromatismes devant le clavecin). L’excellente Maud Gratton oriente fermement les labyrinthes des deux Ricercari en solo, mais s'y contente d'un discours anonyme.
Les amateurs
qui ont sous la main les quatre références déjà citées passeront leur
chemin, tandis que les spécialistes feront un détour pour découvrir une
disposition inédite et curieuse des treize pièces ‑ selon l'édition publiée
l'an dernier chez Schott par le musicologue Hans‑Eberhard Dentler, qui voit
Saturne, Jupiter, Mars, Vénus, Mercure et la Terre isolés dans les canons
puis réunis par le Ricercar a 6. Rien n'est moins évident mais
l'image est splendide : ces canons où deux ou trois motifs trouvent leur
point d'équilibre et tournoient les uns autour des autres seraient, au‑delà,
des abstractions mathématiques mille fois commentées, l'écho savant de
l'harmonie des sphères. Un ballet des planètes agréable mais trop flou dans
ce disque. |
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