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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Jean‑Luc Macia Ce magnifique oratorio, la première grande œuvre sacrée d’Emanuel Bach après son arrivée à Hambourg en 1768, n'a connu que deux gravures: celle un rien empesée de William Christie il y a vingt‑cinq ans, avec la Cappella Coloniensis (HM), et celle assez récente de Wolfgang Brunner, nerveuse et bien captée mais aux voix inégales (CPO, cf no 600). Rêvons qu un Gardiner s'y intéresse, autant pour la beauté des mouvements choraux que pour son potentiel dramatique, légèrement sous-exploité dans le nouvel enregistrement de Frieder Bernius.
Sans égaler la rutilance imposante qu'ils ont dans lsraël en Egypte de Handel, les choeurs omniprésents tiennent un rôle majeur, dans l'affliction, la détresse ou l'exaltation. Les airs répartis entre Moïse, Aaron et deux femmes israélites sont particulièrement évocateurs. Cari Philipp Emanuel s'éloigne des canons paternels pour s'orienter vers un style ouvrant la voie à Haydn voire Mendelssohn. L’écriture fait une grande part aux instruments à vent qui déploient de superbes arcs mélodiques dans les arias. Les interventions de Moïse, confiées à une basse, ont beaucoup d'impact, qu'il implore le Seigneur face au désarroi de son peuple ou qu'il invective celui‑ci (étonnantes plages 11 et 12) après les déplorations des sopranos.
Frieder Bernius est sans doute un des chefs les mieux aptes aujourd'hui à transcender ces élans choraux, d'une beauté chatoyante grâce à sa formation stuttgartoise, en pleine forme dans l'affliction (le premier choeur) comme dans la ferveur orante ou la joie finale. C'est magnifique et largement au‑dessus des deux gravures précédentes. Il bénéficie aussi d'un Moïse mordant et ardent, et de deux sopranos aux aigus limpides (dont la jeune Française Judith Gauthier). Seul le ténor apparaît en retrait par son élégance terne. En formation légèrement plus fournie que Brunner mais moins massive qu'avec Christie, l'orchestre de Stuttgart brille de mille couleurs.
Reste que
Bernius aurait pu insuffler plus de dramatisme aux récitatifs et de souffle
à la fresque. Gardiner prendra‑t‑il le relais ? En attendant, la nouvelle
version se hisse en tête de la discographie. |
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