Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Denis Morrier On sait peu de chose de Giulio San Pietro de' Negri, si ce n'est qu'il est originaire de Milan, indépendant, voyageur, musicien amateur plutôt que par métier (à l'instar de Gesualdo ou D'India). Sur les onze opus de musique profane ou sacrée qu'il semble avoir fait éditer, six nous sont parvenus, parfois de manière incomplète ; ils se révèlent particulièrement intéressants pour leur diversité stylistique dont cet album séduisant rend parfaitement compte. On y trouve plusieurs canzonette amorose au charme sensuel. Parmi celles‑ci se distinguent la poignante Amorosa Fenice et la poétique Amorosa vedovetta qui encadrent le programme, toutes deux magnifiquement chantées par Olga Pitarch et Brigitte Vinson. D'autres pièces paraissent plus spéculatives, comme l'étonnante Sfogava con le stelle écrite pour basso alla bastarda, qui impose au chanteur de s'aventurer, depuis une tessiture principale de ténor grave, jusqu'aux registres de fausset et de basse profonde. L’effet voulu par Negri et sa réalisation par Emmanuel Vistorky apparaissent néanmoins discutables (en particulier l'épisode en falsetto), d'autant que ce sublime poème (dont l'incarnation polyphonique de Monteverdi demeure toujours en mémoire) invite à l'élévation la plus spirituelle. L’ombre de Monteverdi plane également sur Ride o piange, qui évoque les duos de L'incoronazione di Poppea. D'india vient aussi hanter le sublime monologue en stile rappresentativo de Langue e spira, interprété avec profondeur et ferveur par le ténor Jeffrey Thompson.
Et n'oublions
pas de saluer l'excellent ensemble instrumental réuni autour de Marco Horvat,
ce musicien polyvalent passant du luth au lirone et au chant ! Outre deux
magnifiques flûtistes à bec (Magali lmbert, Pierre Hamon), une viole suave
et un luthiste inspiré, Horvat introduit les sonorités savoureuses et
colorées de deux claviers inhabituels : un clavicythérium (clavecin
vertical) Renaissance et un Lautenwerk (clavecin cordé en
boyau) dont les scintillements inédits, sous les mains délicates de Matthieu
Boutineau, illuminent cette révélation d'un musicien oublié.
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |