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Analyste: Philippe Ramin Plus de quinze ans après une première intégrale, les frères Ghielmi remettent les trois sonates sur le métier, en utilisant le même pianoforte d’après Silbermann mais également un très beau clavecin d’Andrea Restelli dans le style allemand. Trois préludes et fugues du Clavier bien tempéré s’invitent à la fête — à nos oreilles, ils constituent la meilleure part d’un album étrange. La nouvelle version des trois sonates est plus satisfaisante sur le plan des équilibres. Un audacieux ingénieur du son a pris le parti de parfois noyer la viole dans une réverbération avantageuse, ou de changer son emplacement selon les mouvements. L’Andante de la Sol majeur est à cet égard spectaculaire: un surplus de réverbération combiné au jeu en « cordes libres » du piano-forte produit une atmosphère envoûtante, qui ne masque pas totalement une intonation fragile. Ailleurs, les deux musiciens soulignent beaucoup les détails de l’écriture par une accentuation énergique, et délaissent un peu trop la direction expressive du contrepoint. Cela manque un peu d’air et de naturel. Dans ces conditions, l’intérêt d’alterner clavecin ou pianoforte est bien faible. La version transposée au violoncelle par Nicolas Altstaedt est autrement personnelle et excitante. Un violoncelle cordé « moderne » et détendu au diapason baroque ne représente pas vraiment un idéal sonore, et pourtant. . . que d’inspiration autour de cette sonorité feutrée et souple, que d’intimité entre ses harmoniques et le timbre du clavecin touché par Jonathan Cohen. Altstaedt se joue des difficultés techniques inhérentes à la transposition, les mouvements rapides demandant un doigté bien plus complexe en regard de la viole. Le discours s’impose par une maîtrise supérieure et une écoute mutuelle assez remarquable. Le naturel du cantabile et la pertinence du geste musical conduisent à penser que cette proposition au violoncelle est une version éminemment recommandable des trois sonates. . . pour la viole. Un pas de côté dont naguère Anner Bylsma (Sony, Diapason d’or) et plus récemment Bruno Cocset (Alpha, idem) avaient déjà démontré la pertinence.
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