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Diapason # 622 (03/2014)
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Harmonia Mundi
HMC902176/77
Code-barres / Barcode : 3149020217627
Analyste: Jean-Luc Macia
La splendide mécanique instrumentale ajustée par les Freiburger tourne ici un peu à vide. Leur impressionnante cohésion — tant de disques et de concerts en témoignent — n’est pas forcément le meilleur atout dans ce recueil sans pareil, si différent de l’écriture des quatre suites, d’esprit beaucoup plus « orchestral ». On y trouve certes des moments de plaisir, comme la poésie du violon piccolo dans l’Adagio du premier Brandebourgeois ou l’étonnant pianissimo accordé à la Polonaise du finale ; aussi séduisants, l’éclat et le brio des mouvements rapides du deuxième Concert avec sa rutilante trompette. La remarquable cohésion des cordes participe de la densité expressive du troisième, et ménage dans les rythmes enjoués du sixième des jeux d’ombres bienvenus — c’est sans doute le meilleur moment du double-album. Là les tempos sont bien tenus et les phrasés d’une liberté excitante.
Ailleurs, la précipitation domine, sans l’urgence et le génie de Musica Antiqua Köln avec Goebel. A quoi bon courir la poste si les cors ne suivent pas dans le premier Concert, ni les flûtes dans le quatrième (hyper-ornementé, avec des fioritures parfois savonnées). Dans le cinquième, le seul joué à un instrument par partie, des rubatos incessants nous déroutent et la cadence du clavecin prise à bride abattue laisse le souvenir de déferlements d’arpèges et de traits cinglants sans respiration ni vraies pulsations.
Les couleurs sont globalement de premier ordre — Freiburger obligent — mais ce disque alternant le pire et le meilleur ne peut rivaliser avec les multiples belles versions d’un catalogue pléthorique.
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