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Analyste: Xavier Bisaro L’oeuvre pour orgue de Pachelbel est trop et mal connue à la fois: une poinée de pièces. Fournissant le pain quotidien des apprentis organistes ; ces mêmes pièces glissées dans d'innombrables récitals discographiques; les fugues pour le Magnificat servant à combler les trous de programmes de concert; un compositeur, enfin, rangé sous l'étiquette commode autant que réductrice de précurseur de l'illustre Bach. Dans un tel contexte, l'annonce d'une intégrale, dont la première livraison offre d'emblée six heures de musique, est un événement inespéré. Quatre organistes ont conçu ensemble d'intelligents parcours thématiques (selon les périodes liturgiques ou l'origine des chorals mis en musique par PacheIbeI), choisi les instruments idoines, utilisé une nouvelle édition critique préparée par l'un d'eux. Une telle conjonction est suffisamment exceptionnelle pour être saluée. Grâce à cet effort collectif, les portes d'un monde semblent subitement s'ouvrir. Certes, les recettes de Pachelbel sont connues pour les pièces libres comme pour les préludes de choral ou les variations de l'Hexachordum Apollinis de 1699. Mais chaque pièce bénéficie ici d'un degré de finition et d'investissement qui, immédiatement, métamor-phose l'enchaînement de stéréotypes en un langage profus. Au talent des interprètes s'ajoute la somptuosité des instruments choisis. Hormis celui de la Klosterkirche de St. Urban, noyé dans une acoustique trop généreuse, les autres orgues sont aussi séduisants qu'adaptés à ce répertoire requérant de subtils dégradés de timbre. Qu'on en juge : cinq fonds de 8 pieds sur chacun des deux claviers à Suhl, et quatre fonds de 16 pieds au pédalier! Lorsqu'elle est maîtrisée comme dans ce coffret, cette palette permet de faire de la registration un puissant élément de caractérisation et de construction du discours instrumental.
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