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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie On associe rarement un contre-ténor à la « Bad guy attitude ». Le baryton-basse Bryn Terfel l’avait endossée avec jubilation dans son album paru en 2010 (mais intitulé Bad Boys/DG). Pourtant, nombreux sont les opéras de Haendel qui permettent aux rôles — souvent travestis — de traîtres, ambitieux et autres renégats de s’exprimer dans cette tessiture. Un fois acceptés les amalgames abusifs (le Prince Dardano d’Amadigi di Gaula et son désir de vengeance n’atterrira certainement pas dans la même geôle que l’infâme Polinesso d’Ariodante) et les règles toujours un peu frustrantes du récital, cette galerie de bad guys permet à Xavier Sabata de montrer l’étendue de son talent en adoptant un point de vue original sur la voix de contre-ténor ; « voix de l’ange », certes, mais déchu. Le timbre est celui d’un contralto, aux assises graves bien grasses. On aime sa ligne vocale irréprochable et son legato d’une grande fluidité. S’il est facile de jouer au méchant avec un grain de voix aussi caractérisé (« Se l’inganno sortiscefe lice » avec mâchoires serrées), le traître au double visage réclame une certaine ambiguïté, absente ici (tant pis pour « Spero per voi, si, si »). Riccardi Minasi et son (petit) ensemble Il Pomo d’Oro délivrent un accompagnement assez inégal : déchirant dans la sarabande « Pena tiranna » avec hautbois et basson solos, véritablement déchaîné (effets bruitistes) dans « Voglio stragi, e voglio morte », ou à la limite du mauvais goût dans l’air de Tolomeo extrait de Giulio Cesare. N’empêche, un beau récital que voilà ; on espère suivre prochainement ce protégé de William Christie dans la continuité d’un personnage d’opéra. | |
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