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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Philippe Ramin Le mélomane qui pioche au hasard des quatre Livres pour clavecin de Couperin (1713, 1717, 1722 et 1730) est intrigué ou charmé par ses galeries de portraits, ses rondeaux pleins de caractère, ces microcosmes de mille fulgurances que les intégrales tendent à lisser avec une unité de ton anachronique. En piochant çà et là dans les quatre volutes et en s'affranchissant de la logique des ordres, un disque majeur de Pierre Hantaï levait un voile sur une complexité sous‑évaluée (Mirare, Diapason d'or). La réussite singulière de cet album aurait‑elle tenu ses collègues impressionnés à l'écart ? Il aura fallu attendre dix ans pour entendre chez Couperin une voix :aussi personnelle. Le programme d’Aurélien Delage présente deux Ordres complets (Sixième et Septième) et des extraits du Troisième pour souligner l'évolution sensible de l'écriture. Dans la notice, il relève que les deux premiers Livres paraissent à la frontière de deux mondes ‑ le pays exsangue au terme du règne finissant de Louis XIV et le début de la Régence, sorte de lumineuse transition avant le siècle des Lumières. Il y a loin entre la gravité solennelle et insistante de La Lugubre et le charme entêtant des Barricades mystérieuses et des Amusements.
Cette différence, le jeune claveciniste (par ailleurs flûtiste) l'incarne en
creusant deux types d'esthétique sonore et de codes expressifs. Très sensuel,
nimbé de résonances et assis sur une main gauche propice au jeu lié, le clavecin
du Livre II explore la douceur de la soie, le taffetas des robes de Watteau.
Si Les Langueurs tendres entendent séduire, la mélancolie point à chaque
cadence. L’ambivalence de ces tableaux nous touche dans une Muse naissante
délicate mais fière, et des Amusements rêveurs mais sérieux. Les
pièces du Livre I, judicieu-sement situées en fin de programme, nous valent des
courantes raffinées et sombres à la fois, où l'héritage majestueux de
d’Anglebert est allégé par quelques marches harmoniques plus tendres. En do
mineur, La Ténébreuse, effrayante Cybèle, coupe le souffle par ses
ruptures de ton et son harmonie désespérée, velours épais dont on admire le
sombre rouge mais dont la matière étouffe. La conduite du claveciniste, sa
disponibilité au moindre frémissement de la musique forcent l’admiration. Sa
palette expressive se révèle en parfaite adéquation avec l'instrument choisi,
assez différent des modèles bien plus tardifs joués d'habitude chez Couperin : à
la fois plus claire et moins lente dans les basses (résonateurs typiques de
cette facture de la fin du XVIIe dans le sud de la France), sa copie du Tibaut
de Toulouse réalisée par Emile Jobin donne aux tableaux de Couperin une présence
puissante. Elle est captée dans une acoustique vraisemblable, qui permet
d'apprécier à la fois son tutti très charpenté et sa délicatesse. |
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