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Analyste:
Denis Morrier Les Livres V et VI publiés conjointement en 1611, sont les plus fréquemment enregistrés. Véritable testament musical, réunissant des madrigaux composés à différentes périodes, l'ultime recueil présente les expérimentations contrapuntiques et modales les plus hardies du Prince assassin: en témoignent les chromatismes insensés de Resta di darmi noia et surtout du célèbre Moro, lasso. Ces joyaux de « l'avant‑garde du passé » ont souvent émaillé de mémorables anthologies, comme celles des Arts Florissants (HM) et du Concerto Italiano (Naïve). Ils firent surtout l'objet d'une éblouissante intégrale, en 2012, par La Compagnia del Madrigale (Glossa, Diapason d’or), qui éclipsa celles du Complesso Barocco (Pan Classics), des Delitiae Musicae (Naxos) et celles, plus discutables, du Kassiopeia Quintet (Globe) et de l'Ensemble Métamorphoses de Paris (Arion). Cette discographie n'est guère bouleversée par la nouvelle proposition de Philippe Herreweghe ‑ dont l'enregistrement des Responsoria (1611 également) nous laissait déjà dubitatif. Son Collegium gantois est ici réduit à une poignée de solistes, accompagnés par le luth délicat de Thomas Dunford. La plastique vocale, somptueuse comme à l'accoutumée, est dominée par deux chanteurs fameux: le soprano translucide et agile, à l'intonation imparable, de Hana Blazikova, et la basse valeureuse du vétéran Peter Kooij. En favorisant les voix extrêmes de la polyphonie, Philippe Herreweghe atténue la dimension erratique du contrepoint gésuaIdien et rend, paradoxalement, la conduite des voix intérieures plus lisible. Il souligne avec élégance chaque arabesque vocale, et organise soigneusement les différents plans polyphoniques. L’intelligibilité du texte parait sacrifiée à l'hédonisme sonore. La théâtralité des poèmes, toute en oppositions et en incises rhétoriques, et celle de la musique, toute en ruptures de ton et de procédés d'écriture, sont coulées dans un flux contrapuntique fermement orienté. Cette conception unitaire, signature d'un « vrai chef » face à des chanteurs inféodés à sa lecture, est par nature très différente de la proposition plus individualisée d'un groupe de madrigalistes, tel que La Compagnia del Madrigale. Elle a l'avantage de la séduction et de la clarté, et l'inconvénient d'un discours plus univoque. Les célèbres oxymores musicaux de Gesualdo n'ont pas fini d'inspirer les interprétations les plus dissemblables. |
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