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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Denis Morrier
Cette Missa a fait l'objet de deux gravures de référence, aux
orientations opposées. À celle, hédoniste et harmonieuse, de Philippe
Herreweghe, avec les voix mixtes a cappella de l'Ensemble vocal européen de la
Chapelle royale (HM, 1990), succédait celle d'Odhecaton, résolument engagée dans
l'historicité, avec ses voix exclusivement masculines et vivement projetées dans
l’acoustique généreuse de la basilique Santa Barbara de Mantoue : une lecture
qui ne cherche pas la perfection homogène des lignes mais leur élan rhétorique,
et un relief sonore rehaussé par un orgue historique de 1565 et quelques autres
instru-ments de continuo (Ricercar, 2011, Diapason d'or). Par comparaison
avec la proposition d'Odhecaton, le Huelgas Ensemble a cappella avec des voix
mixtes au couleurs septentrionales, apparaît rétrograde. Van Nevel, qui fut
jadis l'apôtre des interprétations « historiquement informées » mêlant avec
bonheur voix et instruments, a ici paradoxa-lement écarté la partie de Bassus
generalis pour orgue de l'édition de 1610, et rejeté l'option des doublures
instrumentales, pourtant attestées lors d'une exécution vénitienne dirigée par
Monteverdi. Van Nevel a choisi d'insérer entre chaque mouvement de ce chef-d'oeuvre de stile antico une composition profane en stile modemo. Il présente ainsi différents auteurs préfigurant la seconda prattica, parmi lesquels De Wert et Marenzio, Le madrigal Laura ch'el verde lauro de Nicola Vicentino, qui compte parmi les expériences chromatiques les plus fameuses de la Renaissance, crée un contraste singulier après le Kyrie diatonique de Monteverdi. Tandis que le dialogue concertant de l'étrange Amor, i’ho molti de Cesare Todino tranche avec la densité polyphonique du Gloria. Si ces ruptures stylistiques nous gênent, c'est parce qu'elles brisent la continuité du discours montéverdien : la messe « di studio e fatica grande » (selon les termes d'une lettre de Cassola, vice‑maitre de chapelle mantouan, en 1610) est en effet une suite de variations contrapuntiques, sans cesse renouvelées, autour de dix motifs empruntés à Nicolas Gombert, traités « dans tous les sens », à la manière d'une « série » de Schönberg. Le mélange des styles imposé par Van Nevel détourne l'attention de la profonde unité formelle et stylistique qui fait la particularité clé la prima prattica, sans rien apporter de probant et de consistant en compensation. Qui veut trop embrasser mal étreint ? |
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