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Outil de traduction (Très approximatif) |
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Analyste:
Philippe Ramin Le manifeste de modernité que prolame fièrement le frontispice des éditions de 1623 (Livre I) et 1629 (Livre II) est‑il un hommage à Monteverdi ? A Venise, son collègue Dario Castello, joueur de cornet à San Marco, s'empare de l'art nouveau de la déclamation et des affects de la voix: il s'efforce de couler cette posture expressive dans le langage instrumental. Le modèle des canzone prisées, une génération plus tôt, par Giovanni Gabrieli, ne lui suffit pas. Son projet fut déterminant dans le développement technique des vents et des cordes chez ses héritiers italiens et allemands comme Schmelzer ou Bertali. Castello aime fractionner chaque sonate en une multitude de sections (parfois sans transition), changer le tempo et la pulsation de manière abrupte, ce qui ajoute à son discours un attrait supplémentaire. Échappe à cette structure la Sonata XV de 1629, qui s'appuie sur un développement en strates fuguées issues d'une belle introduction méditative.
La principale différence réside dans le maniement de la langue. L’expérience de Roland Wilson dans ce répertoire fait que la réalisation sonore est non seulement somptueuse (en dépit d'accrocs mineurs) mais que la matière du discours s'apparente à une pensée complexe, riche de sens et d'ambiguïtés, assez en accord avec les développe-ments imprévisibles de la musique. Les épisodes virtuoses en solo semblent s'échapper du cadre contrapuntique : ils sont aussi frappants qu'à l'opéra, les commentaires audacieux de messagères divines (Sonata XVII, violons en écho), une entrée de guerriers (Sonata XVI), un air de Pluton au basson (Sonata X). Cette mise en scène, où une variation de tempo accompagne un changement scénographique, correspond au projet du compositeur évoqué plus haut.
La proposition de
l’Academy of Ancient Music est plus facile à appréhender. Ses musiciens
emploient des outils expressifs plus convenus, disons valables pour un grand
nombre de compositeurs italiens, mais pas véritablement affûtés pour un artiste
aussi singulier. Quelques solistes de très haut niveau (fantastique cornet de
Josué Melendez) illuminent une présentation aux aspects bien souvent
prévisibles. L’alternance de mollesse et de frénésie, la montée en puissance
systématique des cadences finales à grand renfort de cordes pincées (un continuo
parfois agité sans raison), tout cela est réalisé avec beaucoup de métier mais
sans attention particulière aux multiples accents de la langue. |
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