Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
Analyste:
Ivan A. Alexandre
Sans nier une « passion profonde et durable pour la musique française »,
Reinhard Goebel prend ses distances. Au jeune baroqueux allemand des années
1970, Marin Marais et François Couperin semblaient « une nouveauté désarmante ».
Cette « légèreté ». Cette « discrétion». Amis de la profondeur et de la
métaphysique, circulez ! Ne cherchez pas les abîmes de Charpentier ni «
l'influence de1a France sur l’Allemagne, aujourd’hui surestimée de façon si
grotesque ». Notre art « est rarement d’une tristesse infinie ou d’une joie
irrépressible » comme peut l’être son cousin germanique. Et nul ne doute que
l'ensemble Musica Antiqua Köln (1973‑ 2007) restera in saecula saeculorum
lié à Biber, à Telemann, à Heinichen, à la famille Bach, plutôt qu'à Delalande
ou Ramau dont il n’a d’ailleurs jamais enregistré une croche.
Voilà ce que pense le chef violoniste aujourd’hui, et ce qu’il écrit dans la
notice au présent coffret. Le pensait‑il lorsque, avant même la fondation des
Arts Florissants, il gravait cette fantastique Sonnerie de Marais, cette
Sultane si enveloppante de Couperin ou ces cantates éruptives de
Clérambault (Médée, Orphée) avec Rachel Yakar ? On peut en douter. À
cette époque, deux écoles se disputaient l’empire Bourbon: à l’Est la sensualité
de Jordi Savall, au Nord la danse de Gustav Leonhardt et des frères Kuijken,
Archet au poing, cordier au menton, Goebel en ouvrait une troisième, tout éclat
sonore, audace formelle et mouvement. Plus tard, à l'époque du film Le roi
danse (1999) et du testament Charpentier (2003), la splendeur altière
tournera quelquefois à l'ardeur guerrière dirigée, on le devine, contre les
notes inégales et les grâces ineffables des Arts Flo. Mais en 1978 (Le
Parnasse français quidonne son titre au coffret, ou le somptueux
disque Leclair enfin intégral), quelle maîtrise! Quelle vie dans la noblesse! En
1981, quel feu dans une Conversation galante àsix têtes (elle
aussi complète pour la première fois au format numérique). L’année suivante,
quelle découverte que le concerto de Pierre‑Gabriel Buffardin, flûtiste
provençal exilé à Dresde pour excès d’italianisme ! En 1983, quelle science et
quelle chair tout à la fois aux Nations de Couperin ! Sur dix CD, Archiv
nous rend la totalité d'un legs français (Requiem de Gilles codirigé par
Philippe Herreweghe et bande originale du film de Gérard Corbiau compris) dont
n'existe aucun équivalent, alors ni depuis. Prises de son magnifiques de
surcroît. Rien de daté; tout ici, maintenant, debout, Conquête majeure d'un
grand guerrier.
Support us financially by purchasing this disc from eiher one of these
suppliers. FR -
U.S. -
UK
-CA -
DE- JA -
Un achat via l'un ou l'autre des fournisseurs proposés contribue à
défrayer les coûts d'exploitation de ce site.