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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Sophie Roughol Gunar Letzbor, dans son inlassable défense et illustration de la musique baroque autrichienne, fournit de solides arguments au surnom audacieux qu'il attribue à Aufschnaiter: « le Bach catholique ». A l'écoute de ces Vêpres op. 5 de 1709, on serait tenté de le suivre, même si rien ici ne ressemble vraiment à la musique du Cantor, et que le mythe du génie inconnu nous indispose a priori. Comme Bach, Aufschnaiter suit une esthétique personnelle qui ne s'émeut guère des modernismes contemporains, approfondissant à l'extrême le langage disponible. Comme Bach, il pratique « l'expansion de la polyphonie par la dimension supplémentaire de la modulation ». Mais Bach est protestant, Aufschnaiter catholique. Le premier transmet et commente le Verbe. Le second « peint » le texte, le sublime par l'image, la force rhétorique et théâtrale résultant de ses attributs : timbres, harmonies, dynamiques. Né en 1665 à Kitzbühel dans le Tyrol autrichien puis formé à Vienne, Aufschnaiter succéda à Georg Muffat comme maître de chapelle de la cathédraIe (et de la cour de Passau. La musique sacrée est prépondérante aux côtés de l'oeuvre instrumentale au sein des quelque trois cents compositions conservées. Letzbor retient le premier des deux cycles de Vêpres, et y intercale des préludes et fugues pour orgue de Franz Anton Hugl (1706‑1745), organiste puis vice‑maître de chapelle de Passau.
Quelle belle découverte !
L’écriture est à la fois opulente et transparente, d'une franchise excluant
toute sophistication. Les versets solistes aux mélodies fermes et fluides,
sans ornementation ni tournures lyriques, alternent avec de vigoureux tutti
homophoniques (Laudate pueri) ou des séquences fuguées (Laudate
Dominum, Magnificat). Densité expressive, variété des couleurs vocales,
concision de l'écriture, métriques contrastées, exubérance instrumentale
(servie avec délices par Ars Antiqua Austria) : Letzbor se régale de ces
allures spontanées, donnant à chaque séquence sa juste lumière, écourtant
les résonances pour magnifier les métriques et la transparence polyphonique
(Magnificat), veillant à la puissance rhétorique du tout, offrant à
une belle distribution vocale et à l'orchestre toute la sérénité nécessaire
pour faire de ce disque un grand moment. |
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