Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Philippe Ramin Révélation et Diapason d'or l'an dernier dans les Pièces de clavecin en concerts de Rameau, le trio Les Timbres remonte jusqu'aux sources de la musique instrumentale baroque, et s'associe pour cette expédition à l'ensemble japonais Harmonia Lenis. Le programme aligné par les cinq musiciens suit le chemin qui, depuis les pièces vocales transcrites et ornementées pour les instruments, a mené vers un langage autonome, une rhétorique sans paroles, en action dans des Canzone d'essence toujours contrapuntique et des sonates. Le double collectif fait dialoguer le violon et les flûtes à bec, eux‑mêmes soumis à de sensibles mutations au cours du XVIle siècle.
On reste admiratif devant le travail accompli, devant le naturel de la virtuosité expressive. Dès la première pièce de Falconiero, le discours touche au coeur avec la plus sincère persuasion. La finesse du traitement mélodique et l'éloquence du contrepoint font mouche, la richesse du phrasé évite toute verticalité hors de propos. Les musiciens revisitent la sonate de Cima avec la même justesse de ton, qui relègue la technique de l'ornementation à son statut d'outil au service d'une « parole » subtilement chantée, chargée de sens et capable d'émouvoir.
Le savoir‑faire du continuo est particulièrement mis en valeur dans la courte canzone de Gabrieli. Aisance du phrasé, virtuosité éblouissante et spirituelle, un petit joyau d'une veine rafraîchissante. Le mystère de cette Gioia de Cesare où conversent l'orgue, la flûte, le clavecin et la viole, la suave exposition de chromatismes enivrants, le jeu particulièrement intense de la viole et du violon saisissent l'auditeur autant que l'incarnation tendue de la sonate d'Uccellini, chargée de modulations vénéneuses.
La lumière nouvelle jetée sur ce
répertoire est d'autant plus séduisante qu'elle ne repose pas sur un
attirail d'artifices mais sur l'épanouissement d'un dialogue amical, qui ne
cède jamais aux sirènes de l'esthétisant ou du spectaculaire. |
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |