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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Sophie Roughol Les trois volumes des Symphoniae sacrae (1629, 1647 et 1650) déstabilisent les frontières entre musique liturgique et musique concertante, chant sacré et virtuosité solistique. Alors que Schütz demande à la cour de Dresde de le relever de ses fonctions en raison de son grand âge (il vivra encore vingt ans), le troisième opus proclame le nouveau monde musical allemand, rêve devenu réalité, qui combine l'exigence formelle et l'exubérance instrumentale, l'éclat de la polychoralité et l'expression dramatique. Vingt et un concerts sacrés organisés en une gradation subtile de trois à six voix affranchissent définitivement les instruments du simple accompagnement. Sur des textes en allemand, et des structures formelles variées, Schütz se souvient de ses années italiennes, de Gabrieli, Monteverdi, Grandi, dans la conversation des voix, des violons et des cornets, dans la ferveur des acclamations, dans des réminiscences du concitato montéverdien, dans la tension dramatique des dialogues sacrés, dans certains ostinatos. L’éprouvante guerre de Trente Ans vient de s'achever, les chapelles, souvent revues à l'économie, se remplument: Schütz suggère sans l'imposer un complementum de chanteurs et d'instruments superposé aux cinq à huit parties obligées, pour renforcer la polychoralité.
D'où vient que l'on enregistre si peu cet exceptionnel troisième volume ? Il n'est certes pas à la portée des craintifs, il y faut du coeur, du métier... et des interprètes chevronnés. Il faut aussi à Schütz de la subtilité et un regard qui ne se perd pas dans les détails. Rademann les possède incontestablement. Frieder Bernius (DHM, 1998) et Konrad Junghänel (HM, 2005) bénéficiaient de meilleures prises de son. Le dialogue resserré des femmes et de la basse dans Wo der Herr SVW 400, la précision des effets dynamiques et rythmiques dans le sombre tableau Saul, Saul was verfolgst du mich SWV 415, la belle architecture de Herr, wie lange willst du mein SVW 19 avec sa sombre sinfonia et son ostinato atypique, font oublier la prudence de certains motets et les approximations acides des cornets.
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