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Diapason # 643 (02/2016)
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Ambronay 
AMY045




Code-barres / Barcode : 3760135100453

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Xavier Bisaro

Tant chez les catholiques que chez les protestants, une abondante littérature spirituelle favorisait à l'époque baroque, la relation individuelle à Dieu. La musique du culte n'échappe pas à cet aspect majeur de la dévotion: nombre de textes écrits à la première personne ou en forme de dialogues (notamment entre l’Âme et son Créateur) furent mis en motets et en cantates, développant (et stimulant) les « conversations » que chaque chrétien était censé entretenir en son for intérieur. C'est en suivant plus ou moins cette idée que le Concert Etranger a bâti un florilège vocal recélant deux raretés qui, à elles seules, méritent le détour. D'une part la brève cantate Ach, Herr straf mich in deinem Zom de Telemann présente le compositeur sous un jour inattendu : le héraut du style galant maîtrisait aussi un style archaïsant inspiré par la piété vibrante de ses prédécesseurs. De l'autre, le coeur du programme est formé par des oeuvres du cantor de Zittau, Andreas Hammerschmidt (1611‑1675). Relevant du style sévère ou du concerto vocal, elles rappellent l'importance historique et la valeur de ce maillon essentiel entre Schütz et Buxtehude. L’originalité du florilège tient encore à sa construction : annoncées ou prolongées par des pièces d'orgue ou des sinfonie, les plages chantées n'en ressortent qu'avec plus de relief

 

À première écoute, le choeur de solistes, le groupe instrumental concentré, l'attention au texte... tout rappelle ‑ pour le meilleur ‑ le travail pionnier du Ricercar Consort sur ces répertoires. Mais la nouvelle génération, celle du Concert Étranger, ne se borne pas à copier ses aînés. L’ensemble se démarque par le choix d'un continuo timbré et dynamique, parfaitement accordé à la volonté de faire « parler » les instruments, véritables interlocuteurs des voix. Dans cette optique, les chanteurs ne sont pas en reste. Cette musique où larmes et gémissements préparent le chrétien à l'abandon à Dieu dans la mort, incite évidemment à la mise en valeur de ses paroles souvent percutantes. Comment trouver leur point d'équilibre avec la beauté des lignes ? Le Ricercar Consort relevait le défi à sa façon, ou Cantus Cölln dans un tout autre style. Gageons que la fine équipe d'Itay Jedlin y parviendra bientôt. Pour l'heure, le soulignement constant des figures rhétoriques du texte tend à grossir les détails au détriment de la profondeur expressive de la polyphonie. L’oreille, d'abord saisie, se lasse un peu: l'énergie débordante est une qualité à double tranchant. Anne‑Marie Blondel montre en revanche, dans les pièces d'orgue, l'exemple d'un jeu à la fois très actif sur la déclamation et fermement soutenu.

 

Le texte d'introduction de Laurent Guillo nous guide utilement pour apprécier, dans toutes ses nuances, cette évocation de la spiritualité luthérienne du XVIe siècle.

 


 

 

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